Cheikh Yérim Seck secoue le Sénégal : Sonko, Diomaye et les 65 morts - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 09/09/2025 12:09:00

Cheikh Yérim Seck secoue le Sénégal : Sonko, Diomaye et les 65 morts

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L’actualité sénégalaise a été récemment marquée par les déclarations controversées de Cheikh Yérim Seck sur la chaîne 7tv, affirmant qu’« aucune personne n’est morte d’une balle des forces de sécurité et de défense du Sénégal » lors des manifestations de 2021 à 2024, et que certains décès seraient imputables à des drones.

Ces propos, aussi surprenants qu’invraisemblables, soulèvent une question fondamentale : où est passée la vérité pour les familles des victimes ? Plus troublant encore, ils révèlent une stratégie de diversion et d’opacité de la part des dirigeants actuels, dont les actions récentes interrogent sur leur réelle volonté de rendre justice.

Les manifestations de 2021 à 2024 ont été parmi les plus violentes de l’histoire récente du Sénégal, avec un bilan officiel de 65 morts. Les familles des victimes, les collectifs de chômeurs et la société civile réclament depuis des années vérité et réparation. Pourtant, malgré les promesses électorales du Pastef d’abroger la loi d’amnistie votée en mars 2024, une loi critiquée pour son ambiguïté et son potentiel à couvrir des crimes graves, les députés du parti au pouvoir ont finalement opté pour une simple réinterprétation du texte, excluant certains crimes mais maintenant l’impunité pour d’autres. Pourquoi une telle demi-mesure ? Pourquoi ne pas avoir abrogé purement et simplement une loi qui, selon l’opposition et les observateurs, était taillée sur mesure pour protéger les partisans du Pastef et certains membres des forces de sécurité ?

La réponse est simple : l’abrogation aurait remis en cause les bénéfices tirés par les leaders du Pastef eux-mêmes, notamment Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, qui ont été blanchis par la justice grâce à cette même amnistie. En janvier 2025, une ordonnance de non-lieu a été prononcée en leur faveur, mettant fin à des procédures judiciaires longues et médiatisées

Plus hiéronique encore, le gouvernement a décidé d’indemniser les victimes et leurs familles sans attendre les conclusions d’enquêtes judiciaires ou de décisions de justice. En février 2025, il a été annoncé que les familles des 79 personnes décédées recevraient 10 millions de francs CFA chacune, et que 2 172 ex-prisonniers politiques toucheraient 500 000 francs CFA. Si ces mesures peuvent sembler généreuses, elles posent un problème éthique et juridique majeur : comment indemniser sans établir les responsabilités ?

Sans enquête, sans jugement, ces compensations financières ressemblent davantage à une tentative d’acheter le silence qu’à une véritable réparation. Comme le souligne Amnesty International, ces aides, bien que nécessaires, ne sauraient se substituer à la justice. Elles risquent même de légitimer l’impunité, en donnant l’impression que l’État préfère payer plutôt que de faire la lumière sur les crimes commis.

En Côte d’Ivoire, après la crise post-électorale de 2010-2011, une Commission dialogue, vérité et réconciliation a été mise en place pour établir les faits et proposer des réparations. Au Sénégal, rien de tel : pas de commission indépendante, pas de procès équitables, seulement des indemnisations distribuées à la hâte, comme pour tourner la page sans l’avoir lue. Pire, les leaders du Pastef, qui se présentent comme les défenseurs du peuple, semblent aujourd’hui plus préoccupés par leur propre protection que par la quête de vérité. Leur silence sur les conditions réelles des décès, leur refus d’abroger une loi d’amnistie controversée, et leur gestion opaque des dossiers judiciaires en disent long sur leurs priorités.

Les déclarations de Cheikh Yérim Seck, aussi choquantes soient-elles, ont au moins le mérite de révéler la face caché du système. Si les collectifs de chômeurs et les familles des victimes veulent comprendre pourquoi leurs leaders ne les soutiennent plus, qu’ils posent ces trois questions : pourquoi les députés du Pastef n’ont-ils pas abrogé la loi d’amnistie ? Pourquoi Sonko a-t-il obtenu un non-lieu ? Pourquoi Diomaye indemnise-t-il les victimes sans enquête ni jugement ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Diouf.
Mis en ligne : 09/09/2025

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