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Thierno Alassane Sall, leader du parti République des Valeurs, a récemment annoncé la création d’un « large front populaire » réunissant des personnalités aussi diverses que Barthélémy Dias, Thierno Bocoum, Pierre Ameth Ba, Assane Diouf et le rappeur Rifou. L’objectif affiché est de contrer les « dérives autoritaires » du régime PASTEF et de « sauvegarder les valeurs de la République ». Si l’initiative peut sembler louable au premier abord, elle révèle, à une analyse plus approfondie, une alliance fragile et opportuniste, où les intérêts divergents et l’absence de vision commune rendent le projet peu crédible et difficilement efficace.
Le Sénégal, souvent cité pour sa stabilité démocratique, traverse une période de tensions politiques marquées par l’ascension du PASTEF, désormais au pouvoir après des années d’opposition. Avec sa large majorité parlementaire, le parti présidentiel dispose d’une légitimité renforcée et d’une capacité à mobiliser sa base.
Face à cette nouvelle donne, plusieurs coalitions se forment dans l’opposition pour contester la domination du parti au pouvoir. Cependant, ces alliances, souvent créées dans l’urgence, peinent à convaincre par leur cohérence et leur durabilité.
Le front populaire initié par Thierno Alassane Sall illustre parfaitement les limites des rassemblements fondés uniquement sur l’opposition à un adversaire. Les personnalités réunies viennent d’horizons radicalement différents : Barthélémy Dias, ancien maire et figure politique controversée, a multiplié les changements de camp et les alliances éphémères, souvent dictées par des calculs électoralistes. Thierno Alassane Sall, après avoir été un pilier d’un parti au pouvoir, s’est progressivement repositionné en opposant farouche au PASTEF. Quant à Assane Diouf et Rifou, leur présence relève davantage de la symbolique que d’une réelle adhésion à un projet politique clair.
L’absence de programme concret, mis à part la critique du PASTEF, montre que ce front ne propose aucune alternative crédible. L’histoire politique africaine regorge d’exemples d’alliances hétéroclites qui, faute de vision partagée, se sont soldées par des échecs cuisants. Au Sénégal, les coalitions formées uniquement pour contrer le parti au pouvoir ont rarement survécu aux élections, faute de fondements idéologiques solides.
Les membres de ce front populaire n’ont ni la même histoire ni les mêmes objectifs. Barthélémy Dias, connu pour son charisme, a souvent été critiqué pour son opportunisme et ses revirements. Thierno Alassane Sall, bien qu’il se présente comme un défenseur des valeurs républicaines, a longtemps soutenu un régime qu’il accuse aujourd’hui de dérive autoritaire. Comment croire en la sincérité d’une alliance qui unit anciens alliés du pouvoir et opposants notoires, si ce n’est par la peur de perdre leur influence politique ?
Le manque de cohésion est d’autant plus flagrant que le PASTEF, malgré les controverses, a su incarner un projet de rupture séduisant une jeunesse en quête de changement. À l’inverse, le front populaire de Thierno Alassane Sall semble davantage motivé par la volonté de conserver des positions que par celle de proposer une alternative crédible.
En se concentrant sur la critique du PASTEF, ce front contribue à aggraver les clivages politiques au lieu de favoriser un débat constructif sur les enjeux réels du pays : chômage, éducation, santé, développement économique. Les Sénégalais attendent des solutions, pas des querelles de personnes. Cette initiative, en diabolisant l’adversaire, risque de plonger le pays dans une instabilité inutile.
Ce rassemblement, trop hétéroclite et dépourvu de projet commun, apparaît avant tout comme une manœuvre électoraliste. Sans vision partagée ni programme concret, il est condamné à s’essouffler, voire à se disloquer dès que les intérêts individuels de ses membres entreront en conflit. Plutôt que de s’unir contre le PASTEF, les opposants feraient mieux de proposer des idées claires et des solutions aux défis du pays.
Il faut que les acteurs politiques sénégalais dépassent les calculs de court terme et les alliances de circonstance. La démocratie ne se défend pas par des coalitions fragiles, mais par des débats de fond et des propositions concrètes. Le Sénégal mérite mieux qu’un front populaire bâti sur le sable. Aux opposants de prouver qu’ils sont capables de rassembler autour d’un projet, et non d’un ennemi. Le vrai défi n’est pas de contrer le parti au pouvoir, mais de convaincre les Sénégalais par des idées et des actions.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Diallo.
Mis en ligne : 25/08/2025
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