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Le témoignage glaçant d’Aïssatou, cette jeune Sénégalaise confrontée à l’oppression mystique de sa belle-mère, révèle une réalité trop souvent ignorée : certaines pratiques culturelles, sous couvert de respect des ancêtres ou de la famille, servent en réalité à contrôler et à humilier les femmes.
Son histoire, où la virginité devient une monnaie d’échange mystique et un outil de domination, illustre comment la tradition peut se transformer en piège pour celles qui en sont les premières victimes. Ce récit n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’un système où le silence et la complicité sociale permettent à ces abus de perdurer.
Dans de nombreuses sociétés africaines, la virginité féminine est encore perçue comme un trésor, un gage de pureté et d’honneur familial. Les observations ethnographiques montrent que cette obsession, loin d’être anodine, s’inscrit dans une logique patriarcale où le corps des femmes est contrôlé, surveillé, et parfois monnayé. La virginité n’est pas seulement une question d’intimité ou de choix personnel : elle est instrumentalisée pour maintenir les femmes dans un état de soumission, sous peine de honte ou d’exclusion. Les croyances mystiques, souvent liées à des rituels ou à des pratiques fétichistes, renforcent cette pression en associant la pureté féminine à des pouvoirs surnaturels, comme le suggère le témoignage d’Aïssatou, où la virginité d’une belle-fille est présentée comme une source de vie à capter pour prolonger celle d’une autre femme.
Pourtant, cette exigence ne s’applique presque jamais aux hommes. Le double standard est flagrant : tandis que la virginité des femmes est sacralisée, celle des hommes est rarement évoquée, voire ignorée. Cette asymétrie révèle une volonté de domination, où la tradition devient un prétexte pour justifier l’inégalité et l’oppression.
Ce qui frappe dans l’histoire d’Aïssatou, c’est moins l’acte de sa belle-mère que l’absence de réaction collective. Pourquoi les familles, les voisins, les institutions ferment-ils les yeux sur ces pratiques ? Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, les violences faites aux femmes qu’elles soient physiques, psychologiques ou mystiques sont souvent minimisées ou étouffées sous prétexte de respect des coutumes. Les victimes, comme Aïssatou, se retrouvent isolées, discréditées, voire accusées de troubler l’ordre social si elles osent parler. Les rapports de l’ONU et des organisations locales soulignent que près de 27 % des femmes sénégalaises ont subi des violences physiques, et que beaucoup d’entre elles souffrent en silence, par peur des représailles ou par manque de soutien.
Le mariage, censé être un espace de protection, se transforme parfois en piège. Les belles-mères, figures d’autorité dans la famille élargie, utilisent leur position pour imposer des normes oppressives, sous couvert de perpétuer les valeurs ancestrales. Le changement soudain de comportement de la belle-mère d’Aïssatou – passant de l’hostilité à une gentillesse calculée n’est pas une marque de repentir, mais une stratégie pour étouffer la vérité et maintenir son emprise.
La question est vertigineuse : jusqu’où une société est-elle prête à aller pour préserver des traditions qui bafouent les droits fondamentaux des femmes ? Les pratiques mystiques, les tests de virginité, ou les pressions familiales ne relèvent pas du folklore inoffensif. Elles sont des mécanismes de contrôle, des armes utilisées pour briser la volonté des femmes et les maintenir dans un état de dépendance.
Le féminisme africain, dans ses différents courants, cherche précisément à déconstruire ces dynamiques. Comme le note Awa Thiam, les femmes africaines subissent une triple oppression : de genre, de classe, et parfois de race. Leur émancipation passe nécessairement par la remise en question de ces normes qui, sous couvert de culture, légitiment l’injustice.
Le témoignage d’Aïssatou est un appel à l’action. Il rappelle que la tradition ne doit pas être un carcan, mais un héritage à réinventer pour qu’il respecte la dignité de toutes et tous. Les progrès réalisés au Sénégal en matière d’éducation et de droits des femmes sont réels, mais ils butent encore sur des obstacles socio-culturels tenaces. Il faut briser les chaînes du silence, de dénoncer les abus, et de refuser que la culture serve d’alibi à l’oppression.
La question reste entière : combien de femmes devront encore souffrir avant que la société ne reconnaisse que certaines traditions ne méritent pas d’être perpétuées ? La réponse dépend de notre capacité collective à écouter, à croire les victimes, et à agir. Car une culture qui humilie, qui exploite, qui terrorise, n’est plus une culture c’est une prison.
Et vous, que feriez-vous à la place d’Aïssatou ? Le combat pour l’égalité ne se gagne pas seulement dans les lois, mais aussi dans les mentalités. Chaque voix qui s’élève, chaque silence qui se brise, est une étape vers la liberté.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 26/08/2025
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