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Les autorités somaliennes ont récemment annoncé la mort de Hussein Moallim Hassan, l’un des principaux stratèges du groupe jihadiste des Chabab, au cours d’une opération militaire ciblée. Présentée comme une victoire, cette élimination s’inscrit dans une offensive de grande envergure soutenue par l’ATMIS (Mission de transition de l’Union africaine en Somalie).
Cependant, derrière ces annonces triomphales se cache une réalité bien plus inquiétante : depuis 2007, la Somalie est engagée dans un conflit interminable où les succès militaires ne se traduisent jamais par une stabilité durable.
Malgré l’appui international et les nombreuses opérations menées, les Chabab restent une menace persistante, exploitant l’instabilité, la pauvreté et les failles structurelles de l’État somalien. Il est urgent de reconnaître l’échec d’une stratégie qui, année après année, aggrave la crise humanitaire et économique sans offrir de solution pérenne.
Les Chabab, affiliés à Al-Qaïda, mènent une insurrection armée depuis près de deux décennies. Malgré les offensives régulières de l’armée somalienne et de l’ATMIS, le groupe conserve une forte présence dans les zones rurales et continue de commettre des attentats, y compris dans la capitale, Mogadiscio. Les opérations militaires, bien que médiatisées, peinent à affaiblir durablement le groupe. Le retrait progressif de l’ATMIS, prévu pour la fin 2024, soulève des inquiétudes majeures quant à la capacité de l’armée somalienne à assurer seule la sécurité des populations. Les forces nationales restent fragiles, mal équipées et insuffisamment structurées pour maintenir les territoires repris.
Les annonces de victoires militaires masquent une réalité plus complexe. Depuis juillet 2024, plus de 150 membres des Chabab auraient été tués et plusieurs localités libérées. Pourtant, ces gains restent précaires : les Chabab se reconstituent rapidement, profitant de la pauvreté endémique et de l’absence de perspectives pour les jeunes dans les zones rurales. Leur recrutement s’alimente là où l’État est absent et où les populations voient dans le groupe une alternative à la misère.
L’échec des opérations militaires tient à plusieurs facteurs : les Chabab conservent leur capacité à frapper grâce à leur ancrage local et à leur exploitation des divisions internes et de la corruption. Les gains territoriaux sont souvent éphémères, faute d’une présence étatique durable dans les zones reprises. La dépendance à l’ATMIS fragilise la Somalie, car l’armée nationale, malgré ses progrès, n’est pas encore prête à assurer seule la sécurité.
Par ailleurs, le coût humain et économique de cette guerre est insoutenable, avec des millions de Somaliens exposés à la faim et à la misère. Enfin, l’absence de solution politique et de réconciliation nationale empêche toute stabilisation réelle, laissant la population dans l’expectative et la détresse.
La Somalie n’est pas un cas isolé. D’autres pays confrontés à des groupes jihadistes, comme le Mali, l’Irak ou l’Afghanistan, ont montré que la force militaire seule ne suffit pas : sans solution politique et sociale, les insurgés reviennent toujours. La Somalie répète cette erreur, misant sur la répression plutôt que sur la prévention et le développement.
Il faut donc changer de cap. La communauté internationale et les autorités somaliennes doivent placer la paix et le développement au cœur de leur stratégie. Cela passe par des investissements massifs dans l’éducation, la santé et l’emploi, une réconciliation nationale inclusive et un soutien renforcé à la société civile et aux initiatives locales de paix. La Somalie ne sortira de l’impasse que si ses partenaires osent rompre avec la logique de la guerre permanente. La vraie bataille n’est pas sur le champ de bataille, mais dans la reconstruction d’un État capable de répondre aux besoins de sa population et de garantir une stabilité durable.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Madjiguéne A. Diop.
Mis en ligne : 25/08/2025
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