Une femme étranglée après l’amour : L’injustice d’une condamnation trop douce - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 27/08/2025 07:08:15

Une femme étranglée après l’amour : L’injustice d’une condamnation trop douce

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L’affaire Hamet Seck, ce boulanger de 35 ans condamné à 20 ans de réclusion pour avoir étranglé sa femme Fatou Dia après un rapport sexuel, a de quoi glacer le sang. Quatre ans de cavale, des aveux sans remords, et une peine qui, si elle est lourde, reste en deçà des réquisitions du parquet et des attentes de la société. Face à un crime aussi sordide, la question se pose : cette condamnation est-elle une victoire de la justice ou une nouvelle preuve de son échec face aux féminicides ?

À l’heure où d’autres pays durcissent leurs lois et où le Sénégal compte ses victimes par dizaines, il est légitime de s’interroger sur la réponse judiciaire apportée à ces violences extrêmes.

Les faits sont accablants : en avril 2020, Hamet Seck étrangle sa compagne dans leur chambre, fuit pendant quatre ans, et revient comme si de rien n’était. Arrêté, il avoue sans explication ni regret, évoquant des « troubles psychiques » pour atténuer sa responsabilité. Pourtant, le procureur a demandé la perpétuité et la requalification en assassinat, soulignant la préméditation et la volonté manifeste de donner la mort. Mais les juges ont retenu l’homicide, et non l’assassinat, une distinction juridique lourde de conséquences. Au Sénégal, comme ailleurs, les féminicides sont une réalité persistante : en 2025, plusieurs cas ont déjà été recensés en quelques mois, et les associations alertent sur l’urgence d’agir.

La différence entre homicide et assassinat est cruciale. L’assassinat suppose une préméditation ou un guet-apens, et est passible de la perpétuité, tandis que l’homicide volontaire est puni de 30 ans maximum. En refusant la requalification, la justice sénégalaise a choisi une peine sévère, mais insuffisante au regard de la gravité des faits et des standards internationaux. En Italie, par exemple, le féminicide est désormais puni de la réclusion à perpétuité. Au Brésil, les peines vont jusqu’à 40 ans. En France, l’assassinat est passible de la perpétuité, et la justice est de plus en plus incitée à requalifier les féminicides en assassinats pour envoyer un signal fort.

Or, étrangler sa compagne après un rapport sexuel, laisser son enfant orphelin, et fuir pendant quatre ans relèvent d’une violence et d’une préméditation qui mériteraient une sanction maximale. Comme le souligne une militante sénégalaise, « la reconnaissance juridique du féminicide est impérative pour nommer spécifiquement le meurtre d’une femme en raison de son genre ». En ne requalifiant pas les faits, la justice sénégalaise risque de banaliser ces crimes et d’affaiblir l’effet dissuasif de la loi.

Premièrement, la peine prononcée ne reflète pas la gravité du crime. Condamner à 20 ans un homme qui a ôté la vie à sa compagne dans des circonstances aussi atroces, c’est minimiser la valeur de la vie des femmes. Comme le dit une citation souvent reprise : « Condamner à 20 ans un homme qui a étranglé sa femme après un rapport sexuel, c’est comme dire que la vie d’une femme ne vaut pas plus qu’un vol à main armée. »

Deuxièmement, l’absence de remords de l’accusé et son comportement pendant sa cavale montrent une dangerosité qui justifierait une peine plus lourde. Enfin, le refus de requalifier en assassinat interroge : s’agit-il d’une tendance à atténuer la responsabilité des auteurs de féminicides, ou d’une méconnaissance des dynamiques de violence de genre ?

Plusieurs pays ont choisi de durcir leurs législations. L’Italie a instauré le délit de féminicide, puni de la perpétuité. Le Brésil a porté les peines de 20 à 40 ans. En France, les féminicides sont désormais traités avec une attention particulière, et les peines sont alourdies pour les crimes commis dans un contexte de violence conjugale. Ces exemples montrent qu’il est possible d’envoyer un message clair : les violences faites aux femmes ne seront pas tolérées.

La condamnation de Hamet Seck est un pas, mais insuffisant. Pour en finir avec l’impunité, le Sénégal doit s’inspirer des bonnes pratiques internationales : reconnaître juridiquement le féminicide, alourdir les peines, et former les magistrats et les forces de l’ordre à la spécificité de ces crimes. La société attend une justice à la hauteur de l’horreur des faits. Sinon, chaque féminicide restera une blessure ouverte, et chaque peine trop légère un encouragement à l’impunité.

La question n’est pas seulement juridique, mais sociétale : quelle valeur accordons-nous à la vie des femmes ? La réponse de la justice doit être sans ambiguïté.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Diop.
Mis en ligne : 27/08/2025

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