Cabinet français préféré aux siens : Un coup dur pour la justice - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 30/08/2025 03:08:30

Cabinet français préféré aux siens : Un coup dur pour la justice

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L’État du Sénégal a récemment confié la défense de ses intérêts dans un arbitrage international au cabinet d’affaires français Gide. Cette décision a suscité une vive inquiétude, notamment de la part de l’avocat franco-espagnol Juan Branco, qui y voit une continuité troublante avec les pratiques de l’ancien régime. Il déplore en particulier l’exclusion des avocats sénégalais, qui ont pourtant joué un rôle central dans la lutte pour la démocratie.

L’arbitrage oppose l’État sénégalais à la société Woodside Energy. Le choix du cabinet Gide, prestigieux mais étranger, pour représenter le Sénégal, a été critiqué pour plusieurs raisons.

Il soulève des interrogations sur la persistance des méthodes juridiques héritées de l’ancien pouvoir et révèle un décalage entre les discours sur la rupture avec le passé et les actions concrètes de l’administration actuelle.

Juan Branco, ancien membre du pool d’avocats de l’opposant Ousmane Sonko, insiste sur le rôle des avocats locaux qui ont risqué leur vie pour défendre la démocratie. Ces professionnels se sont tenus en première ligne lors des périodes de répression et ont continué à défendre les droits fondamentaux alors que d’autres se sont tus. Leur exclusion au profit de cabinets étrangers apparaît comme un déni de leur engagement et un mépris pour leur sacrifice.

En outre, le recours à des cabinets internationaux entraîne des coûts élevés et soulève des questions sur la bonne gestion des ressources publiques. Alors que le Sénégal dispose de juristes compétents et engagés, leur mise à l’écart au profit d’acteurs étrangers semble injustifiée. Cette pratique peut également nuire à l’image du pays en matière de souveraineté juridique et freiner le développement du secteur juridique local.

Le cas du Sénégal n’est pas isolé. Dans plusieurs pays africains, les élites au pouvoir ont privilégié des conseillers étrangers au détriment de leurs propres professionnels. En Côte d’Ivoire, après la crise post-électorale de 2010, des cabinets étrangers ont été largement sollicités pour « réformer » le système judiciaire, reléguant les magistrats locaux au second plan.

Au Nigeria, les contrats pétroliers sont majoritairement négociés par des firmes internationales, laissant les juristes locaux en marge des décisions stratégiques. Partout, ce schéma se répète : les experts internationaux emportent les contrats, tandis que les compétences locales s’étiolent faute de pratique et de reconnaissance.

Cette situation constitue une véritable trahison des idéaux démocratiques. Exclure les avocats locaux revient à ignorer leur contribution essentielle à la défense des droits humains et à la démocratie. Le recours à des cabinets étrangers implique des coûts élevés qui auraient pu être évités, représentant une mauvaise gestion des fonds publics. De plus, confier la défense de l’État à des acteurs étrangers peut compromettre la souveraineté juridique du Sénégal et sa capacité à gérer ses affaires internes de manière autonome.

La décision de l’État sénégalais de recourir à un cabinet français doit être réévaluée. Il est essentiel de reconnaître les sacrifices et l’engagement des avocats locaux, de leur offrir des opportunités pour défendre activement les intérêts de l’État et de promouvoir le développement du secteur juridique national. Prendre en compte ces acteurs renforcerait non seulement la souveraineté juridique du pays, mais aussi la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 30/08/2025

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