Soutenir les excès verbaux : Le risque d’une liberté sans responsabilité - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 31/08/2025 03:08:24

Soutenir les excès verbaux : Le risque d’une liberté sans responsabilité

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L’arrestation récente du journaliste Doudou Coulibaly, poursuivi pour outrage à un chef d’État étranger et injures envers le Premier ministre Ousmane Sonko, a suscité une réaction immédiate et virulente d’Alioune Tine, fondateur d’AfrikaJom Center et figure emblématique de la défense des droits humains au Sénégal.

Plutôt que de saluer la rigueur de la justice, Tine a dénoncé avec véhémence cette détention, interrogeant ainsi sur les limites de son engagement : jusqu’où les défenseurs des droits humains peuvent-ils aller dans leur soutien à des discours qui sapent l’autorité de l’État et menacent la cohésion nationale ?

Au Sénégal, comme ailleurs, la liberté d’expression est un droit fondamental, garanti par la Constitution et les conventions internationales. Cependant, ce droit n’est pas absolu : il est encadré par des lois qui protègent l’honneur des individus, la stabilité des institutions et l’ordre public. Le Code pénal sénégalais sanctionne l’offense au chef de l’État, une disposition qui, bien que controversée, vise à préserver le respect dû aux institutions. Pourtant, certains militants, comme Alioune Tine, semblent systématiquement minimiser les excès verbaux au profit d’une défense inconditionnelle de la liberté de parole, quelles qu’en soient les conséquences.

Alioune Tine, souvent présenté comme un rempart contre les abus de pouvoir, a un parcours marqué par des prises de position audacieuses. Cependant, son intervention dans l’affaire Coulibaly soulève des questions. Pourquoi ne condamne-t-il pas les propos violents et irrespectueux du journaliste, se contentant de dénoncer son arrestation ? Cette attitude sélective affaiblit la crédibilité des défenseurs des droits humains, qui devraient pourtant veiller à l’équilibre entre liberté et responsabilité.

En Europe, des cas similaires ont montré que les militants des droits humains peuvent, par leur soutien inconditionnel à des discours extrêmes, contribuer à polariser le débat public et à affaiblir la confiance dans les institutions. En Belgique, par exemple, la Ligue des droits humains a dû rappeler que la liberté d’expression ne saurait servir de bouclier à l’impunité ou à la diffusion de discours haineuxlalibre.be. Au Sénégal, cette distinction semble souvent oubliée.

De plus, Tine a lui-même été victime d’agressions et de menaces, ce qui rend son silence sur les excès de certains journalistes d’autant plus surprenant. Pourtant, son engagement actuel semble davantage motivé par une opposition systématique à l’autorité que par une volonté de promouvoir un débat apaisé et constructif.

Les défenseurs des droits humains ont une responsabilité particulière : ils doivent non seulement protéger les libertés, mais aussi rappeler que ces libertés s’exercent dans le respect des autres et des institutions. En légitimant des attaques verbales contre les dirigeants, sans jamais les condamner, ils risquent de banaliser la violence et d’encourager une culture de l’impunité.

Au Sénégal, où les tensions politiques sont déjà vives, cette posture est particulièrement dangereuse. Elle alimente une polarisation qui, à terme, menace la stabilité du pays. Les lois sur l’outrage et la diffamation, bien qu’imparfaites, existent pour protéger l’État de droit. Les ignorer ou les dénoncer sans nuance, c’est affaiblir les garde-fous qui préservent la démocratie.

La défense des droits humains ne peut se réduire à une opposition systématique à l’autorité. Elle doit aussi promouvoir le respect, la modération et la responsabilité. Alioune Tine et ses pairs ont un rôle crucial à jouer : non pas celui de légitimer les excès, mais celui de rappeler que la liberté d’expression, pour être durable, doit s’exercer dans le respect des institutions et des individus.

Il faut que les défenseurs des droits humains au Sénégal fassent preuve de discernement. La liberté ne se défend pas en fermant les yeux sur les abus, mais en les condamnant avec la même vigueur que les atteintes à la liberté. Sinon, ils risquent de devenir, malgré eux, les complices d’une anarchie qu’ils prétendent combattre.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 31/08/2025

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