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Au Sénégal, les marabouts occupent une place centrale, bien au-delà du domaine religieux. Leur influence s’étend aux sphères sociale et politique, où ils jouent un rôle déterminant dans la préservation de la stabilité et de la cohésion nationale. Loin d’être de simples guides spirituels, les marabouts sont des médiateurs essentiels, capables d’apaiser les tensions et de faciliter les transitions politiques. Leur autorité, enracinée dans l’histoire et renforcée par une relation de confiance avec leurs disciples, en fait des acteurs incontournables pour l’équilibre du pays.
Cette contribution, souvent discrète mais toujours décisive, mérite d’être reconnue et valorisée. Comment les marabouts, par leur rôle unique, contribuent-ils à faire du Sénégal un modèle de paix et de dialogue en Afrique de l’Ouest ? C’est ce que nous explorons dans cet article.
Depuis la période coloniale, les marabouts ont servi d’intermédiaires entre le pouvoir central et les populations, en particulier dans les zones rurales. Leur légitimité repose sur une relation de confiance absolue avec leurs disciples (taalibe), qui leur confère une capacité exceptionnelle à mobiliser les masses et à promouvoir des valeurs de paix et de tolérance. Les confréries soufies, comme le mouridisme ou la tijaniyya, ont toujours prôné le respect des institutions et la modération, contribuant ainsi à la stabilité du pays. Cette alliance entre spiritualité et politique, bien que parfois critiquée, a permis au Sénégal de traverser des crises sans sombrer dans la violence ou l’instabilité chronique.
Récemment, lors des tensions liées à l’affaire Ousmane Sonko en 2021, les confréries ont joué un rôle clé dans l’apaisement du pays. Leur intervention a permis de désamorcer des émeutes urbaines et de rétablir le dialogue entre le pouvoir et l’opposition, rappelant une fois de plus leur statut d’acteurs politiques incontournables. De même, pendant la pandémie de COVID-19, des marabouts ont organisé des distributions massives de nourriture aux plus démunis, démontrant leur engagement en faveur de la solidarité sociale. Ces actions illustrent leur capacité à agir comme un contre-pouvoir moral, tout en renforçant la légitimité des institutions.
Le Sénégal est souvent cité comme un modèle de démocratie et de stabilité en Afrique de l’Ouest. Cette réputation s’explique en partie par le rôle modérateur des marabouts, qui ont su éviter les dérives extrémistes et maintenir un islam ouvert et tolérant. Leur influence est d’autant plus précieuse dans un contexte régional marqué par la montée des violences et des coups d’État. À l’instar du Maroc, où le roi, en tant que « commandeur des croyants », incarne une autorité religieuse et politique unificatrice, les marabouts sénégalais offrent une alternative pacifique à la radicalisation, en prônant un islam modéré et en favorisant le dialogue.
Pour renforcer cette influence positive, il est crucial d’institutionnaliser leur rôle de médiateurs, tout en veillant à éviter toute instrumentalisation politique. Une collaboration transparente entre l’État et les leaders religieux, encadrée par des règles éthiques claires, pourrait permettre de mieux canaliser leur action au service de l’intérêt général. Par exemple, la création de conseils consultatifs associant marabouts, société civile et représentants politiques pourrait formaliser leur contribution à la résolution des conflits et à la promotion de la paix sociale.
Les marabouts sénégalais incarnent une tradition de paix et de dialogue qui a fait ses preuves. Leur capacité à mobiliser, à apaiser et à inspirer en fait des partenaires indispensables pour l’avenir du pays. En reconnaissant et en encadrant leur rôle, le Sénégal peut continuer à se distinguer comme un exemple de stabilité et de coexistence harmonieuse, où tradition et modernité se complètent pour le bien de tous.
Comment imaginez-vous l’évolution de cette relation entre marabouts et État dans les années à venir ? Quels garde-fous pourraient être mis en place pour préserver leur indépendance tout en maximisant leur contribution à la société ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Vieux Gueye.
Mis en ligne : 08/09/2025
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