Le Népal tire sur sa jeunesse : Censure déguisée en protection sociale - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 11/09/2025 01:09:00

Le Népal tire sur sa jeunesse : Censure déguisée en protection sociale

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Lundi 8 septembre 2025, à Katmandou, la police népalaise a ouvert le feu sur des manifestants, causant entre 14 et 19 morts et de nombreux blessés, lors de protestations contre l’interdiction de la majorité des réseaux sociaux. Faisant écho à un mouvement qualifié de « Génération Z », ces manifestations alliaient réclamations contre la censure et la corruption.

Il est essentiel de souligner que cette interdiction ne constitue pas une mesure de protection sociale, mais bien un prétexte gouvernemental pour museler l’opposition. Cette loi est une tentative délibérée de répression.

Déjà en 2023, le gouvernement avait temporairement interdit TikTok sous couvert de « cohésion sociale » avant de lever l’interdiction face à l’opposition massive. En 2025, un projet de loi, le Social Media Bill, a été introduit, imposant des exigences de licence, des obligations de contenu, l’interdiction des comptes anonymes, et des peines sévères pour diffusion d’« information trompeuse » ou actions jugées contraires à la « sécurité nationale ». La société civile et plusieurs organismes ont dénoncé les dispositions vagues, arbitraires et liberticides du texte.

La formulation floue de nombreux articles de loi, comme la notion de « plateformes » ou d’ »information trompeuse », offre aux autorités un champ d’intervention illimité. L’obligation de licence et l’interdiction de l’anonymat menacent directement ceux qui s’expriment contre le pouvoir, notamment les journalistes, militants ou citoyens vulnérables. Par ailleurs, le non-respect des directives par les plateformes conduit à une censure de facto : Facebook, X, YouTube, Instagram, LinkedIn, Reddit, WhatsApp, Signal et d’autres ont été bloquées pour non-enregistrement.

Ces lois ressemblent à celles adoptées dans des régimes autoritaires pour museler la dissidence et contrôler le discours public.

L’interdiction temporaire de TikTok montre que le gouvernement a déjà utilisé la menace réglementaire pour temporiser, avant de reculer face à l’opposition populaire. Le retour de mesures plus sévères confirme une stratégie autoritaire.

En légitimant des restrictions arbitraires sous couvert de « protection », ce texte ouvre la porte à toute forme de contrôle de l’information, érodant l’espace démocratique et encourageant l’autocensure.

La « Génération Z », cible principale de ces lois, s’organise en ligne : limiter leur accès aux plateformes revient à couper les canaux de mobilisation citoyenne. Le drame des 14–19 morts montre l’ampleur du désespoir et du refus de se taire.

Des lois similaires ont été adoptées dans plusieurs pays, souvent sous prétexte de sécurité ou d’ordre public, mais ont servi à restreindre les libertés, surveiller les citoyens et neutraliser les opposants.

La Russie, la Chine ou encore la Turquie ont montré comment des lois sur la « responsabilité des plateformes » peuvent servir à museler l’opposition. Au Népal, le risque est le même : sous couvert de régulation, l’État pourrait imposer des restrictions arbitraires, comme le retrait de contenus critiques ou le blocage de comptes militants. Une telle dérive montre que l’apparence réglementaire masque un agenda autoritaire.

Le gouvernement népalais utilise le prétexte de « cohésion sociale » et de responsabilité des plateformes pour imposer un contrôle autoritaire sur l’expression publique. L’interdiction des réseaux sociaux et la répression violente des manifestants ne sont pas des mesures de protection, mais de domination. Cette politique est dangereuse, antidémocratique et contraire aux droits fondamentaux. Il est faut que le gouvernement retire ou révise ce projet de loi. La liberté d’expression de la jeunesse, de la presse et des citoyens doit être défendue sans compromis, maintenant.

Les législateurs doivent rejeter ce projet ou l’amender profondément, avec une approche transparente, inclusive et respectueuse des droits. Les citoyens et les médias ont le devoir de continuer à dénoncer cette dérive autoritaire et de protéger ce qui reste de l’espace démocratique au Népal.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aissatou H. Sow.
Mis en ligne : 11/09/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top