Derrière les murs de Rebeuss : Surpopulation et dignité bafouée - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 16/09/2025 02:09:15

Derrière les murs de Rebeuss : Surpopulation et dignité bafouée

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L’interview accordée par l’acteur Moda Thioune à L’Observateur, dans laquelle il revient sur ses quinze jours de détention à la prison de Rebeuss, a révélé bien plus qu’un simple récit personnel. Elle a levé le voile sur une réalité carcérale souvent ignorée, où la dignité humaine est mise à rude épreuve. Si l’acteur regrette amèrement les circonstances de son arrestation, son témoignage offre une opportunité rare : celle de braquer les projecteurs sur des vies brisées par un système pénitentiaire à bout de souffle.

Saluer la prise de conscience de Moda Thioune et appeler à une mobilisation collective pour transformer cette épreuve en levier de changement.

Au Sénégal, la prison de Rebeuss, conçue pour accueillir 900 détenus, en compte aujourd’hui près de 3 700. Une surpopulation carcérale qualifiée de « dramatique et inhumaine » par la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, qui a visité le pays en février 2025. Les conditions de détention y sont décriées depuis des années : promiscuité, manque d’hygiène, détentions préventives interminables, et un désintérêt relatif de la société civile, souvent plus prompt à s’indigner pour des figures médiatiques que pour des anonymes. Pourtant, comme le souligne Moda Thioune, derrière les barreaux, se cachent des hommes et des femmes dont la souffrance mérite attention et action.

Le récit de Moda Thioune est édifiant. Malgré sa célébrité, il a été accueilli avec respect par ses codétenus, admirateurs de la série « Baabel ». Mais au-delà de cette reconnaissance, c’est la solidarité et la foi de certains détenus qui l’ont marqué. Il évoque notamment M.S., un détenu de Saint-Louis, et le chanteur Soriba, dont les parcours illustrent la résilience face à l’adversité. L’acteur dénonce aussi la légèreté des enquêtes et l’absence de suivi des avocats, des dysfonctionnements qui prolongent indûment les séjours en prison. Son appel à une réforme du système carcéral n’est pas nouveau, mais il prend une résonance particulière lorsqu’il émane d’une personnalité publique, capable de mobiliser l’opinion.

Plusieurs éléments renforcent l’urgence d’agir. D’abord, les rapports d’Amnesty International et de l’ONU confirment que les conditions de détention à Rebeuss violent les droits humains fondamentaux. Ensuite, des initiatives existent, comme le projet porté par l’association Futur Au Présent, qui vise à désengorger les prisons et à former les agents pénitentiaires au respect des droits des détenus. Enfin, la récente adoption de la Lettre de Politique Sectorielle de la Justice 2025-2029 par le gouvernement sénégalais montre une volonté de réforme, mais celle-ci doit se traduire par des actes concrets.

La situation de Rebeuss n’est pas isolée. En Côte d’Ivoire, par exemple, les prisons font face à des défis similaires de surpopulation et de précarité. Pourtant, des solutions existent : peines alternatives, accompagnement psychosocial, et implication accrue de la société civile. Au Sénégal, des organisations comme Futur Au Présent prouvent qu’il est possible d’agir, mais leur action reste insuffisante face à l’ampleur des besoins.

L’expérience de Moda Thioune doit servir de déclic. Son engagement à organiser des visites et à porter la voix des prisonniers est louable, mais il ne peut suffire. La société civile, les médias et les autorités doivent se saisir de ce témoignage pour accélérer les réformes. Comme le dit l’acteur, « 15 jours à Rebeuss valent 15 ans d’expérience ». Puissent ces 15 jours devenir le point de départ d’une prise de conscience collective, pour que plus jamais la souffrance des oubliés de Rebeuss ne soit reléguée au second plan.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abou Ba.
Mis en ligne : 16/09/2025

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