Un choix de mérite, pas de parité forcée : Remaniement ministériel - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 14/09/2025 06:09:55

Un choix de mérite, pas de parité forcée : Remaniement ministériel

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Le dernier remaniement ministériel au Sénégal, annoncé le 10 septembre 2025, a relancé le débat sur la représentation des femmes en politique. Avec seulement cinq femmes nommées sur une trentaine de postes, les organisations féministes ont crié au scandale, dénonçant un « camouflet » pour l’égalité des genres. Pourtant, cette indignation soulève une question fondamentale : faut-il sacrifier la compétence sur l’autel de l’égalité statistique ?

Si la cause de l’égalité est noble, l’obsession des quotas risque de détourner l’attention de l’essentiel : la gouvernance exige avant tout des dirigeants compétents, expérimentés et capables de relever les défis nationaux.

Depuis des décennies, la question de la parité en politique divise. En France, malgré des lois imposant des quotas, les femmes ne représentent que 36 % des députés, et leur présence recule même dans certaines assemblées. Les postes clés (défense, économie, budget) restent majoritairement occupés par des hommes, non par misogynie, mais parce que ces fonctions exigent une expertise souvent acquise après des années d’expérience dans des milieux encore très masculins. Au Sénégal, comme ailleurs, la politique reste un domaine où la légitimité se gagne par le mérite, les réseaux et la capacité à gérer des enjeux complexes. Les féministes ont raison de réclamer plus de place pour les femmes, mais à condition que cette place soit méritée, et non octroyée par décret.

Les critiques adressées au gouvernement sénégalais ignorent une réalité : les cinq femmes nommées occupent des ministères stratégiques (Justice, Famille, Jeunesse, Pêches, porte-parolat du gouvernement). Leur présence prouve que le mérite peut l’emporter, même sans parité parfaite. En revanche, imposer des quotas stricts, comme le réclament certaines associations, pourrait conduire à des nominations contestées, où le genre primerait sur les compétences.

L’exemple français est éloquent : malgré des lois contraignantes, les femmes restent sous-représentées dans les postes les plus prestigieux, car les partis politiques contournent souvent l’esprit de la loi en reléguant les candidates à des positions moins influentes. Pire, dans certains pays, la parité forcée a créé des assemblées où des élues, perçues comme « imposées », peinent à s’imposer face à des homologues masculins mieux préparés.

Un gouvernement se juge à sa capacité à résoudre les problèmes des citoyens, pas à la photo de famille de ses ministres. Nommer des femmes pour remplir des quotas, sans égard pour leur expérience, risquerait d’affaiblir l’action publique. Les électeurs et les citoyens attendent des résultats, pas des statistiques.

En Inde et au Pakistan, les quotas ont permis à plus de femmes d’entrer en politique, mais sans changer les rapports de pouvoir. Les élues issues de ces dispositifs sont souvent cantonnées à des rôles secondaires, tandis que les hommes conservent les leviers décisionnels. La parité numérique ne suffit pas ; il faut aussi une parité d’influence.

Réclamer plus de femmes ministres sans exiger qu’elles aient les mêmes opportunités de formation et d’ascension professionnelle revient à traiter les symptômes, pas les causes. Plutôt que de dénoncer le remaniement, les féministes feraient mieux de militer pour un accès équitable à l’éducation, aux réseaux politiques et aux postes à responsabilité dans tous les secteurs.

En Suède ou en Finlande, où la parité est presque atteinte, le succès repose sur une culture politique inclusive, pas sur des quotas imposés. Ces pays ont investi dans l’éducation, la formation et la lutte contre les stéréotypes, bien avant d’instaurer des lois. Au Rwanda, où 60 % des sièges parlementaires sont réservés aux femmes, certaines élues admettent elles-mêmes que leur légitimité est parfois remise en question, faute d’avoir été choisies pour leurs compétences. Ces exemples montrent que la parité ne se décrète pas : elle se construit par des réformes profondes, pas par des mesures cosmétiques.

La gouvernance n’est pas un jeu de chiffres. Exiger plus de femmes ministres sans garantir leur compétence et leur légitimité, c’est prendre le risque de discréditer celles qui accèdent au pouvoir. Plutôt que de brandir la menace des quotas, les féministes devraient se battre pour que les femmes aient les mêmes chances que les hommes de prouver leur valeur.

Un bon gouvernement se mesure à son efficacité, pas à sa composition. Le Sénégal, comme tout pays, a besoin de dirigeants capables, qu’ils soient hommes ou femmes. La vraie égalité ne se décrète pas ; elle se mérite.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Angéla K.
Mis en ligne : 14/09/2025

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