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Le Premier ministre Ousmane Sonko était en visite officielle à Abu Dhabi du 7 au 12 septembre 2025, pour renforcer la coopération économique avec les Émirats arabes unis. Si les partenariats internationaux sont nécessaires, l’organisation de ce déplacement de six jours, en pleine semaine de Conseil des ministres, interroge. Pourquoi un chef de gouvernement, surtout à la tête d’un exécutif encore jeune, s’absente-t-il aussi longtemps sans communication claire sur la gestion des affaires courantes ?
Depuis son entrée en fonction, Ousmane Sonko a multiplié les déplacements à l’étranger, avec des escales en Chine, en Turquie, et désormais aux Émirats. Ces voyages s’inscrivent dans la recherche de financements pour le Plan de redressement économique et social « Jubbanti Koom ». Pourtant, le Sénégal traverse une période de transition politique délicate, où le respect des institutions et la rigueur sont attendus. Le Conseil des ministres, instance clé de la gouvernance, ne saurait être relégué au second plan pour des raisons diplomatiques.
Partir une semaine entière alors que le Conseil des ministres est une obligation hebdomadaire envoie un mauvais signal. Aucune information officielle n’a expliqué comment les décisions stratégiques ont été prises en son absence. Pire, Sonko était accompagné d’une délégation ministérielle étoffée, ce qui pose la question de la continuité de l’action gouvernementale sur place.
La durée du voyage (six jours) et le timing (en pleine semaine de Conseil des ministres) sont problématiques. Dans d’autres pays, comme la France, le Conseil des ministres ne se tient pas en l’absence du Premier ministre sans une délégation expresse. Au Sénégal, rien ne laisse penser que cette absence ait été anticipée avec la rigueur requise.
De plus, le gouvernement Sonko a insisté sur la nécessité de financer le Sénégal à 90 % par des ressources internes. Pourtant, ses déplacements répétés à l’étranger, avec des délégations nombreuses, envoient le message inverse : celui d’un exécutif plus préoccupé par la recherche de partenariats extérieurs que par la mobilisation des ressources locales.
Cette instance est le lieu où se prennent les décisions collégiales. Son absence affaiblit la collégialité et peut ralentir la prise de décision, surtout dans un gouvernement encore en phase de stabilisation.
Le gouvernement promet de « souverainiser » le financement du Sénégal, mais multiplie les voyages coûteux à l’étranger. Cette contradiction affaiblit sa crédibilité.
Au Malawi, le président a suspendu tous les déplacements internationaux pour faire face aux difficultés économiques. Au Nigeria, la taille des délégations officielles a été réduite de 60 %. Pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas adopter une approche similaire ?
En Afrique comme ailleurs, les chefs de gouvernement sont de plus en plus critiqués pour leurs voyages peu productifs. Au Kenya ou au Nigeria, des efforts sont faits pour en réduire le coût et la durée. Au Sénégal, en revanche, on assiste à une multiplication des déplacements sans que leur utilité immédiate ne soit toujours démontrée.
Il ne s’agit pas de remettre en cause la nécessité des voyages officiels, mais bien de souligner l’importance de leur planification. Un Premier ministre se doit de montrer l’exemple en matière de rigueur et de respect des institutions. Organiser un déplacement de six jours à l’étranger en pleine semaine de Conseil des ministres, sans communication claire, est une erreur de méthode.
Ousmane Sonko a l’opportunité de corriger le tir : en limitant la durée de ses déplacements et en recentrant l’action gouvernementale sur les urgences internes. Sinon, le risque est grand de voir se creuser un fossé entre les promesses de changement et la réalité d’un pouvoir qui donne l’impression de reproduire les travers du passé.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Diallo.
Mis en ligne : 15/09/2025
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