Visas refusés, projets bloqués : L’ambassade française franchit la ligne rouge - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 17/09/2025 08:09:00

Visas refusés, projets bloqués : L’ambassade française franchit la ligne rouge

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Le député Guy Marius Sagna a récemment dénoncé avec vigueur le refus de l’ambassade de France à Dakar d’accorder des visas à deux agents sénégalais de la Senelec, invités par l’entreprise Eiffage pour une mission professionnelle essentielle à un projet d’électrification de 20 milliards de francs CFA. Ce nouvel incident révèle une réalité persistante : malgré les discours sur la coopération équitable, les blocages administratifs français continuent de freiner le développement du Sénégal.

Face à cette situation, une question s’impose : pourquoi les autorités sénégalaises restent-elles aussi passives ?

Le Sénégal, engagé dans une course contre la montre pour atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2025, dépend encore largement d’entreprises étrangères comme Eiffage pour moderniser son réseau. Pourtant, ces partenariats s’accompagnent souvent de contraintes humiliantes. Le refus de visas pour des professionnels sénégalais n’est pas un cas isolé. Pire, ces refus surviennent alors que la France et l’Union européenne multiplient les promesses d’appui au développement africain. Le paradoxe est criant : d’un côté, on signe des contrats juteux ; de l’autre, on entrave la mobilité des acteurs locaux, indispensables à leur mise en œuvre.

La réaction du député Sagna est légitime. Comment expliquer que la Senelec et le gouvernement sénégalais ne tirent pas « toutes les conséquences » de ces blocages répétés ? Plusieurs pistes existent pour briser ce cycle. D’abord, sanctionner les entreprises fautives : les contrats publics pourraient inclure des clauses pénales strictes en cas de non-respect des engagements, notamment sur la facilitation des déplacements des équipes locales.

Ensuite, diversifier les partenariats : le Sénégal a déjà commencé à explorer des alternatives, comme la mise en service récente d’une centrale solaire réalisée par d’autres acteurs que Eiffage. Enfin, exiger des contreparties : pourquoi ne pas conditionner l’attribution des marchés à des engagements concrets sur la formation, le transfert de technologie ou la simplification des procédures de visa pour les équipes sénégalaises ?

La dépendance aux entreprises françaises est un piège. Tant que le Sénégal ne diversifiera pas ses alliances, il restera vulnérable aux caprices administratifs ou politiques de ses partenaires historiques. Or, des solutions existent. Plusieurs pays africains ont su résister aux pressions diplomatiques ou économiques en renégociant leurs contrats pour en tirer des avantages plus équitables et en développant des partenariats avec des acteurs variés.

Le Rwanda, par exemple, a renégocié ses contrats avec des multinationales pour en tirer des avantages plus équitables, tout en développant des partenariats avec la Turquie, la Chine ou l’Inde.

Le Sénégal dispose également de leviers juridiques pour encadrer les contrats avec les entreprises étrangères, via des clauses de responsabilité ou des mécanismes de contrôle renforcés. Enfin, l’urgence développementale impose de ne plus tolérer de retards : chaque jour perdu dans un projet stratégique comme celui de la Senelec représente un coût humain et économique, tout en retardant la transition énergétique.

Le Sénégal ne peut plus se contenter de protestations isolées. Il est temps que les autorités agissent avec fermeté : en intégrant des garanties diplomatiques dans les contrats, en diversifiant les partenariats et en utilisant les leviers juridiques disponibles. La souveraineté énergétique et le respect des acteurs locaux doivent primer sur les habitudes d’une coopération déséquilibrée. Comme l’a souligné le député Sagna, il appartient à la Senelec et au gouvernement de « tirer toutes les conséquences ». L’heure n’est plus à la patience, mais à l’action.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Françoise Diouf.
Mis en ligne : 17/09/2025

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