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Publié il y a seulement quelques heures, l’article consacré au deuxième livre de l’ancien président Macky Sall, « L’Afrique au cœur », caracole déjà en tête des consultations, dépassant de loin les contenus habituellement très suivis, comme les vidéos du show de Milan de l’opposant Ousmane Sonko ou d’autres sujets d’actualité politique. Ce record d’audience confirme que Macky Sall continue de retenir l’attention des Sénégalais, même après la fin de son mandat.
Là où beaucoup s’attendaient à voir la scène médiatique dominée par les interventions de figures politiques actuelles, c’est finalement l’ancien chef de l’État qui suscite le plus de curiosité. Cette tendance traduit une réalité : Macky Sall, à travers ses écrits et prises de parole, reste un acteur incontournable de l’espace public, capable de mobiliser l’opinion et de nourrir le débat national.
Macky Sall a quitté la présidence du Sénégal en avril 2024, après deux mandats marqués par des réformes économiques, des crises politiques, et une fin de règne mouvementée. Pourtant, son influence ne s’est pas éteinte avec son départ. Installé au Maroc, il s’est reconverti dans le consulting et continue de peser sur la vie politique sénégalaise, notamment à travers son parti, l’Alliance pour la République (APR), qui se réorganise en vue d’un éventuel retour aux affaires. Son premier livre, « Le Sénégal au cœur », publié en 2018, avait déjà marqué les esprits en retraçant son parcours et sa vision pour le pays. Avec « L’Afrique au cœur », il élargit son horizon et propose une réflexion ambitieuse sur le continent, ses atouts et ses défis, à un moment où l’Afrique cherche sa place dans un monde en mutation.
L’annonce de la sortie de ce nouvel ouvrage, prévu pour le 24 septembre 2025, a immédiatement suscité un engouement médiatique et populaire. Selon la maison d’édition Odile Jacob, le livre met en lumière le paradoxe africain : un continent en pleine croissance démographique, économique et culturelle, mais toujours « incompris et parfois méprisé ». Macky Sall y plaide pour une réforme de l’architecture financière mondiale et pour une meilleure reconnaissance internationale, afin que l’Afrique puisse concilier croissance, justice sociale et enjeux climatiques. Il mobilise son expérience d’homme d’État et son engagement pour le dialogue multilatéral afin de proposer une vision prospective et ambitieuse, ancrée dans les réalités du XXIe siècle.
L’intérêt pour « L’Afrique au cœur » s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, Macky Sall bénéficie d’une légitimité rare : celle d’un ancien président qui a respecté la limite des deux mandats, une rareté en Afrique où nombreux sont les dirigeants à s’accrocher au pouvoir. Ensuite, son livre arrive dans un contexte où l’Afrique est plus que jamais au cœur des débats internationaux, que ce soit sur la dette, le climat, ou la gouvernance mondiale. En pointant les obstacles historiques et économiques qui freinent le développement du continent, il touche une corde sensible, surtout auprès d’une jeunesse africaine en quête de modèles et de solutions.
Son approche est aussi celle d’un homme qui a su, malgré les critiques, incarner une certaine stabilité et une volonté de modernisation. Son expérience à la tête du Sénégal, son rôle dans des médiations régionales, et sa connaissance des rouages internationaux lui donnent une crédibilité que peu d’anciens chefs d’État africains peuvent revendiquer. Enfin, Macky Sall maîtrise l’art de la communication : en choisissant le livre comme tribune, il contourne les polémiques immédiates et s’adresse directement à l’intelligentsia, aux décideurs, et au grand public, sans passer par le prisme souvent déformant des réseaux sociaux ou des médias partisans.
À l’ère de la surmédiatisation et des déclarations à l’emporte-pièce, Macky Sall mise sur la profondeur et la réflexion. Ses interventions écrites tranchent avec le bruit médiatique ambiant et offrent une analyse structurée, étayée par des données et une expérience de terrain.
Contrairement à beaucoup de ses pairs, il ne se contente pas de parler du Sénégal. Il replace l’Afrique au centre des grands enjeux mondiaux, ce qui résonne particulièrement auprès d’une diaspora et d’une jeunesse continentale en quête de fierté et de reconnaissance.
Malgré les controverses de la fin de son mandat, Macky Sall reste associé à des avancées majeures, comme la réduction de la durée du mandat présidentiel ou la stabilité économique relative du Sénégal pendant sa présidence. Son parti conserve une base militante solide, et son nom continue de peser dans les débats nationaux.
Ses livres, bien que denses, sont écrits dans un langage clair, ce qui les rend accessibles à un large public. Il évite le jargon technique et privilégie les exemples concrets, ce qui renforce son impact.
Peu d’anciens présidents africains parviennent à maintenir une telle influence après leur départ. La plupart s’effacent, s’exilent, ou sont marginalisés par leurs successeurs. Macky Sall, lui, suit une trajectoire plus proche de celle d’un Nelson Mandela ou d’un Thabo Mbeki : il utilise son statut d’ancien chef d’État pour peser sur les débats, sans chercher à revenir directement au pouvoir. Cette posture est d’autant plus remarquable qu’elle contraste avec celle de nombreux dirigeants africains, qui modifient les constitutions pour se maintenir indéfiniment ou disparaissent de la scène une fois évincés.
Son cas rappelle aussi celui d’Olusegun Obasanjo au Nigeria, qui après sa présidence est devenu un médiateur respecté et un auteur prolifique sur les questions africaines. Comme lui, Macky Sall comprend que l’influence se construit aussi par les idées, et que les livres peuvent être des outils de soft power aussi efficaces que les discours ou les alliances politiques.
« L’Afrique au cœur » n’est pas qu’un livre de plus sur l’Afrique. C’est le symbole d’une nouvelle manière d’envisager l’après-pouvoir : non pas comme une retraite, mais comme une opportunité de contribuer autrement. En choisissant l’écriture et la réflexion, Macky Sall montre qu’un ancien président peut rester utile à son pays et à son continent, sans tomber dans les travers de l’ingérence ou de la nostalgie.
Son succès éditorial prouve que les Sénégalais, et plus largement les Africains, attendent des leaders qui osent penser le long terme, qui parlent vrai, et qui proposent des solutions. À une époque où la politique se résume souvent à des coups médiatiques ou à des calculs électoraux, Macky Sall rappelle que la véritable influence se mesure aussi à la qualité des idées et à la capacité à inspirer.
Reste à voir si cette dynamique se traduira par un retour politique ou si Macky Sall préférera rester dans le rôle d’un penseur et d’un influenceur. Une chose est sûre : avec « L’Afrique au cœur », il a déjà marqué l’histoire, et continuera de nourrir le débat bien au-delà du 24 septembre. Son exemple mérite d’être suivi, et son livre, lu.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Boubacar Diame.
Mis en ligne : 20/09/2025
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