Dakar change d’ère : Une décision historique de la Cour suprême - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 22/09/2025 08:09:00

Dakar change d’ère : Une décision historique de la Cour suprême

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

La Cour suprême du Sénégal a récemment rendu un arrêt historique en confirmant la révocation de Barthélémy Dias de ses fonctions de maire de Dakar, mettant ainsi fin à un long feuilleton judiciaire et politique. Cette décision, loin d’être une simple formalité administrative, marque un tournant dans la gouvernance locale et nationale. Elle consacre la légitimité d’Abass Fall, élu en août 2025, et ouvre la voie à une gestion municipale renouvelée, plus apaisée et tournée vers l’avenir. Je salue cette décision, qui renforce la crédibilité des institutions et la primauté du droit.

La révocation de Barthélémy Dias, effective depuis décembre 2024, s’inscrit dans un contexte de tensions politiques et de rivalités exacerbées. Condamné pour homicide dans l’affaire Ndiaga Diouf, Dias a vu sa destitution confirmée par la plus haute juridiction du pays, après avoir épuisé tous les recours possibles. Cette affaire a divisé l’opinion publique, certains y voyant une manœuvre politique, d’autres une application stricte de la loi. La Cour suprême, en rejetant son recours, a rappelé que nul n’est au-dessus des lois, même les figures politiques les plus en vue. Cette décision s’appuie sur des fondements juridiques solides, notamment l’inéligibilité liée à une condamnation définitive, principe partagé par de nombreuses démocraties à travers le monde.

Abass Fall, élu maire de Dakar avec 49 voix sur 88, incarne désormais une nouvelle dynamique pour la capitale. Proche d’Ousmane Sonko et membre du Pastef, il a promis une gouvernance inclusive, tournée vers les préoccupations des Dakarois, et non vers les clivages politiques. Son élection marque la fin de près de deux décennies de gestion municipale par l’opposition, offrant au parti au pouvoir une opportunité inédite de démontrer sa capacité à gérer une ville aussi stratégique que Dakar.

La décision de la Cour suprême est une victoire pour l’État de droit. Elle rappelle que les institutions doivent fonctionner indépendamment des pressions politiques et que les condamnations judiciaires ont des conséquences, y compris pour les élus. Cette position est conforme aux pratiques observées dans d’autres démocraties, où l’inéligibilité liée à une condamnation pénale est un garde-fou contre l’impunité et un gage de probité publique.

Barthélémy Dias, malgré son charisme et son influence, ne peut échapper aux conséquences de ses actes. Sa révocation, bien que contestée par ses partisans, s’inscrit dans une logique de responsabilité et de redevabilité, essentielle pour la confiance des citoyens dans leurs institutions. La Cour a ainsi évité de créer un précédent dangereux, où des élus condamnés pourraient continuer à exercer des mandats en toute impunité.

Par ailleurs, l’élection d’Abass Fall, saluée pour sa transparence et son engagement à servir tous les Dakarois, offre une chance de renouer avec une gestion municipale apaisée et efficace. Son programme, axé sur la territorialisation des politiques publiques et la satisfaction des besoins des populations, répond aux attentes d’une capitale en pleine mutation.

La Cour suprême a montré que la justice sénégalaise sait résister aux pressions et appliquer la loi avec rigueur. Cela envoie un signal fort aux autres responsables politiques : la probité et le respect des règles sont non négociables.

Abass Fall a été élu dans les règles, avec une majorité claire. Son installation met fin à une période d’instabilité et permet à la mairie de Dakar de se concentrer sur l’action publique, plutôt que sur les batailles judiciaires.

La ville de Dakar, confrontée à de nombreux défis (urbanisation, transports, services publics), a besoin d’une équipe stable et déterminée. Abass Fall, avec son expérience gouvernementale, semble bien placé pour relever ces défis.

Dans de nombreux pays, des personnalités politiques condamnées ont été empêchées de se présenter ou de conserver leurs mandats. En France, par exemple, des figures comme Patrick Balkany ou Alain Juppé ont été frappées d’inéligibilité après des condamnations. Aux États-Unis, en revanche, rien n’empêche un condamné de se présenter, comme le montre l’exemple de Donald Trump. Le Sénégal, en choisissant une voie médiane, montre qu’il est possible de concilier rigueur juridique et vitalité démocratique.

D’autres pays africains ont connu des cas similaires, où des maires ou des élus ont été révoqués pour des motifs judiciaires. Au Sénégal même, Khalifa Sall avait été déchu de ses fonctions en 2018. Ces exemples montrent que la justice, lorsqu’elle est indépendante, peut jouer un rôle clé dans la régulation de la vie politique.

Quant à l’avenir de Barthélémy Dias, la question de sa candidature en 2029 reste ouverte. Dans de nombreux pays, une condamnation n’empêche pas définitivement de se présenter, surtout si la peine est purgée ou si une réhabilitation est possible. Cependant, au Sénégal, une condamnation définitive pour homicide rend l’inéligibilité durable, sauf révision exceptionnelle. Dias devra donc soit obtenir une levée de sa peine, soit attendre son extinction, ce qui rend son retour politique incertain à moyen terme.

La décision de la Cour suprême est une excellente nouvelle pour la démocratie sénégalaise. Elle consacre la légitimité d’Abass Fall et offre à Dakar une chance de tourner la page des divisions. Bien sûr, les partisans de Barthélémy Dias continueront de contester cette décision, mais l’essentiel est que les institutions aient fonctionné, que la loi ait été respectée, et que la capitale puisse enfin avancer.

Abass Fall a désormais la lourde tâche de transformer les promesses en réalisations. Si lui et son équipe parviennent à améliorer la vie quotidienne des Dakarois, cette décision sera non seulement justifiée, mais aussi célébrée comme un moment fondateur pour la gouvernance locale. Pour Barthélémy Dias, l’enjeu sera de montrer qu’il peut rebondir, non en contournant la justice, mais en se réinventant dans le respect des règles démocratiques.

En attendant, Dakar mérite cette nouvelle ère de stabilité et de progrès. La balle est désormais dans le camp du nouveau maire et de son équipe. À eux de prouver que cette décision était non seulement juste, mais aussi bénéfique pour tous.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mor Sall.
Mis en ligne : 22/09/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top