Expertise sacrifiée : La SAR entre les mains d’un inconnu - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 23/09/2025 02:09:15

Expertise sacrifiée : La SAR entre les mains d’un inconnu

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

L’annonce de la nomination d’Adama Faye comme président du Conseil d’administration (PCA) de la Société africaine de raffinage (SAR) a de quoi interloquer. Le communiqué officiel se contente d’évoquer un poste vacant, sans préciser les raisons profondes de cette décision ni le profil du nouveau titulaire. Pourtant, derrière cette nomination se cache une réalité bien moins reluisante : celle d’un système où les compétences s’effacent devant les logiques politiques et les fidélités partisanes. À l’heure où le Sénégal a plus que jamais besoin d’une gouvernance rigoureuse et transparente, cette décision interroge et inquiète.

La vacance du poste de PCA de la SAR remonte à la démission de Moctar Sarr, un homme au parcours brillant, diplômé de l’École centrale de Paris et de la Sorbonne, et fondateur de la compagnie pétrolière Elton. Sa démission, pour « convenances personnelles », est présentée comme une première sous le régime de Bassirou Diomaye Faye, mais elle révèle surtout une tendance lourde : celle de la politisation des postes stratégiques. En effet, Moctar Sarr incarnait l’expertise et l’expérience, des qualités indispensables pour piloter une entreprise aussi cruciale que la SAR. Son départ est une perte majeure pour l’État, et sa succession par Adama Faye, dont le parcours et les compétences restent flous, soulève des questions légitimes sur les critères de nomination au sommet de l’État.

La nomination d’Adama Faye s’inscrit dans une série de décisions controversées prises par le président Faye depuis son arrivée au pouvoir. Le Conseil des ministres a multiplié les nominations, parfois à la chaîne, sans toujours garantir la transparence ou la pertinence des profils choisis. Pire, certaines de ces nominations ont été critiquées pour leur manque de rigueur, voire pour des failles inquiétantes dans les enquêtes de moralité. Dans ce contexte, la désignation d’Adama Faye à la tête de la SAR apparaît moins comme un choix stratégique que comme une faveur politique.

Premièrement, le poste de PCA d’une entreprise comme la SAR devrait revenir à un expert reconnu, capable de garantir la performance et la gouvernance de l’entreprise. Or, rien dans le parcours d’Adama Faye ne semble justifier une telle responsabilité. À l’inverse, Moctar Sarr, avec son expérience et son expertise, avait fait ses preuves. Son départ laisse un vide que le nouveau PCA semble mal armé pour combler.

Deuxièmement, cette nomination s’inscrit dans une logique de clientélisme qui mine la crédibilité des institutions. Sous le régime de Bassirou Diomaye Faye, les nominations se multiplient, souvent au détriment de la compétence. Près de 100 directeurs généraux, PCA et autres hauts responsables ont été nommés ou remplacés en quelques mois, parfois sans égards pour leur expérience ou leur intégrité. Cette valse des nominations, loin de renforcer l’efficacité de l’administration, risque de fragiliser des secteurs clés comme l’énergie, où la SAR joue un rôle central.

Enfin, cette décision rappelle des situations similaires dans d’autres pays africains, où les postes stratégiques sont souvent attribués à des proches du pouvoir plutôt qu’à des professionnels compétents. Au Burkina Faso, par exemple, la nomination de PCA dans des institutions publiques a aussi suscité des polémiques, notamment lorsque des profils politiques ont été préférés à des experts. Le Sénégal, qui se targue d’être une démocratie stable, ne devrait pas emprunter cette voie dangereuse.

La comparaison avec d’autres contextes africains est édifiante. Au Burkina Faso, la nomination d’Adama Kaboré à la tête de la Faitière des caisses populaires a été entourée de précautions et de cérémonies de passation de charges, gage de transparence et de continuité. Rien de tel au Sénégal, où les nominations semblent souvent improvisées, sans consultation ni justification claire. Cette opacité ne peut qu’alimenter les doutes sur la légitimité des choix opérés.

La nomination d’Adama Faye à la SAR est symptomatique d’un système où le mérite s’efface devant les logiques partisanes. À l’heure où le Sénégal doit relever des défis économiques et énergétiques majeurs, il est urgent de revenir à une gouvernance fondée sur la compétence et la transparence. Le président Faye, qui a promis de lutter contre la corruption et de moderniser l’administration, doit prouver que ses actes correspondent à ses paroles. Sinon, le risque est grand de voir la confiance des Sénégalais dans leurs institutions s’éroder un peu plus chaque jour.

En définitive, un génie ne se range pas derrière des politiciens devenus DG sans parcours ni mérite. Le Sénégal mérite mieux que des nominations opaques et des choix guidés par le clientélisme. Il faut redonner sa place à l’expertise et à l’intégrité, pour le bien de tous.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mor Sall.
Mis en ligne : 23/09/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top