L’hospitalité a des limites : Dakar réagit à la mendicité étrangère - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 07/10/2025 09:10:15

L’hospitalité a des limites : Dakar réagit à la mendicité étrangère

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Ce matin, sur instruction du ministre de l’Intérieur, la cité Houassa aux Mamelles a été évacuée. Occupée depuis plus d’un an par des groupes de mendiants, majoritairement étrangers, cette opération s’inscrit dans la lutte contre l’occupation irrégulière des espaces publics. Si la sécurité des riverains est légitime, le Sénégal doit-il indéfiniment porter le poids des échecs politiques et sociaux d’autres pays ? Derrière la misère exhibée dans nos rues se cachent souvent des réseaux organisés, une mendicité transnationale qui exploite la compassion des Sénégalais et l’inaction des États d’origine.

La mendicité en Afrique de l’Ouest n’est plus seulement un phénomène local. Dakar, comme d’autres capitales, est devenue un point de ralliement pour des ressortissants de pays voisins, notamment du Sahel, qui s’adonnent à la quête systématique.

Ces réseaux organisent ces déplacements, exploitant la vulnérabilité de femmes et d’enfants, parfois forcés à mendier pour le profit d’autres personnes. Ces migrants ne fuient pas toujours la guerre ou la famine : ils sont souvent les victimes de trafics, envoyés par des familles ou des intermédiaires qui voient dans la mendicité une source de revenus.

Le Sénégal, pays accueillant, se retrouve ainsi transformé en terre d’opportunité pour des groupes qui, plutôt que de réclamer des comptes à leurs propres gouvernements, exportent leur misère. Pendant ce temps, les pays d’origine, comme le Niger ou le Mali, peinent à offrir des solutions durables à leurs citoyens, préférant parfois fermer les yeux sur ces filières lucratives.

L’opération de déguerpissement de la cité Houassa n’est qu’un épisode de plus dans une lutte inégale. Les autorités sénégalaises ont déjà rapatrié des centaines de mendiants, mais le phénomène persiste, car les causes profondes ne sont pas traitées. Pire, ces rapatriements ne suffisent pas à décourager les candidats à la mendicité, qui reviennent souvent ou se déplacent vers d’autres villes. La question n’est plus seulement humanitaire, mais aussi économique et sécuritaire : ces occupations illégales dégradent le cadre de vie, créent des tensions sociales, et exploitent la solidarité locale sans réciprocité.

Pourquoi nos rues doivent-elles servir de soupape à l’incurie des États voisins ? Pourquoi le Sénégal, qui lutte déjà contre sa propre pauvreté, devrait-il supporter le fardeau de politiques migratoires défaillantes ailleurs ? Les pays d’origine, souvent riches en ressources, reçoivent des milliards en aides internationales et en transferts d’argent, mais ne parviennent pas à protéger leurs populations ou à démanteler les réseaux criminels.

La mendicité organisée n’est pas un acte de survie, mais une industrie. Des passeurs et des familles envoient des mendiants à l’étranger, parfois sous prétexte religieux, mais surtout pour des gains financiers.

Les pays d’origine, comme le Niger ou la Guinée, ne prennent pas leurs responsabilités. Leurs citoyens sont rapatriés, mais rien n’est fait pour les réinsérer ou punir les trafiquants.

En Afrique du Sud ou en Côte d’Ivoire, les gouvernements ont durci leurs politiques face à l’afflux de mendiants étrangers, refusant de devenir des terres d’accueil passives. Le Sénégal a le droit de protéger ses espaces publics et de demander des comptes à ses partenaires régionaux.

Le déguerpissement de la cité Houassa est une mesure nécessaire, mais insuffisante. On doit exiger une coopération régionale effective : lutte contre les trafics, responsabilisation des familles et des États, et mise en place de mécanismes de développement dans les pays d’origine. Le Sénégal ne peut plus être le réceptacle des échecs des autres.

L’hospitalité a des limites. Elle ne doit pas servir de couverture à l’exploitation ou à l’irresponsabilité. Aux autorités sénégalaises de renforcer les contrôles, aux pays voisins de cesser de déverser leurs problèmes sur nos trottoirs. La solidarité se mérite, elle ne doit pas être un dû.

Il faut que le Sénégal et ses partenaires africains agissent ensemble pour démanteler les réseaux de traite et de mendicité organisée, exiger des comptes aux pays d’origine : que font-ils pour leurs citoyens ?Protéger les plus vulnérables sans laisser notre hospitalité être détournée. La dignité n’a pas de frontière, mais la responsabilité non plus.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Diop.
Mis en ligne : 07/10/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top