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La Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar a rendu, le 8 octobre 2025, une décision historique dans l’affaire opposant Farba Ngom au ministère public. Si la Cour a confirmé le maintien en détention de l’ancien député, elle a surtout ordonné son transfèrement vers un centre hospitalier pour y recevoir des soins adaptés à son état de santé. Cette décision, bien que partielle, marque une avancée majeure dans la protection des droits des détenus au Sénégal, notamment ceux souffrant de problèmes de santé. La justice sénégalaise, malgré les pressions et les enjeux politiques, rappelle que la dignité humaine ne s’arrête pas aux portes des prisons.
Le Sénégal, souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, fait face à des défis persistants dans la gestion de ses prisons. La surpopulation, les détentions provisoires interminables et les conditions sanitaires précaires sont régulièrement pointées du doigt, notamment par la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la torture, qui a qualifié les prisons sénégalaises de « poudrière » en février 2025. Pourtant, le pays dispose d’un cadre juridique et institutionnel qui garantit, sur le papier, l’accès aux soins pour les détenus. La décision concernant Farba Ngom s’inscrit dans ce contexte contrasté : entre les principes et la réalité, entre l’humanité et la rigueur judiciaire.
La Cour d’appel a refusé la liberté provisoire, mais en ordonnant le transfèrement de Farba Ngom vers un centre hospitalier, elle a reconnu implicitement que la santé ne peut être sacrifiée sur l’autel de la procédure. Cette mesure, bien que tardive, est une victoire pour les droits humains. Elle intervient après des mois de mobilisation de la société civile, d’Amnesty International, de la RADDHO et de la LSDH, qui ont alerté sur l’incompatibilité de son état de santé avec la détention. Plusieurs rapports médicaux, dont celui d’un collège de trois experts, avaient conclu à un risque de « mort subite » en milieu carcéral. La justice a donc entendu ces cris d’alarme, même si elle n’a pas franchi le pas de la libération.
Contrairement à de nombreux pays africains où les détenus malades sont souvent abandonnés à leur sort, le Sénégal montre ici une volonté de concilier fermeté judiciaire et respect des droits fondamentaux. Dans des pays comme Madagascar ou le Cameroun, la surpopulation carcérale et le manque d’accès aux soins sont la norme, avec des prisons accueillant jusqu’à sept fois leur capacité officielle. Au Sénégal, malgré les lacunes, des mécanismes existent : chaque établissement pénitentiaire dispose d’un médecin ou d’un infirmier, et les détenus ont droit à des soins gratuits, y compris en milieu hospitalier si nécessaire. La décision de la Cour d’appel confirme que ces droits ne sont pas que théoriques.
Cette jurisprudence pourrait faire école. Elle rappelle que l’État a le devoir de protéger la vie et la santé de tous, y compris des détenus. Elle ouvre aussi la voie à une réflexion plus large sur les alternatives à l’incarcération pour les personnes vulnérables, comme le bracelet électronique, déjà expérimenté au Sénégal.
La décision concernant Farba Ngom est un pas en avant, mais elle ne doit pas rester un cas isolé. Elle doit inspirer une réforme plus profonde du système carcéral, pour que chaque détenu, quel que soit son statut, bénéficie de soins dignes. La justice sénégalaise a montré qu’elle pouvait être à la fois ferme et humaine. C’est cette voie qu’il faut désormais généraliser, pour que la santé en prison ne soit plus un privilège, mais un droit effectif.
En confirmant que la santé des détenus est une priorité, le Sénégal envoie un message fort à l’Afrique et au monde : même en prison, la dignité humaine est inviolable. Puisse cette décision être le début d’une nouvelle ère, où la justice ne se contente pas de punir, mais protège aussi.
Comment concilier sécurité publique et respect des droits des détenus ? La société civile et les pouvoirs publics doivent continuer à dialoguer pour transformer cette avancée en politique publique durable. Et vous, que pensez-vous de cette décision ? Est-elle suffisante, ou faut-il aller plus loin ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Dieng.
Mis en ligne : 12/10/2025
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