Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Mardi soir, à Mboro 3, un camion a percuté trois enfants assis devant leur domicile, tuant un bébé de 18 mois et blessant grièvement deux adolescentes. Selon les premiers témoignages, une défaillance mécanique aurait causé la perte de contrôle du véhicule, surchargé et mal entretenu. Si l’enquête devra confirmer les circonstances exactes, une certitude s’impose déjà : cet accident n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un comportement criminel de la part de certains camionneurs, qui transforment les routes sénégalaises en zones de guerre pour les piétons. Il faut nommer les responsables et exiger des comptes.
Les accidents impliquant des camions ne sont malheureusement pas rares au Sénégal. En 2022, le pays a enregistré plus de 14 000 accidents pour plus de 500 morts et plus de 23 000 blessés, soit une moyenne de deux décès par jour.
Les causes ? Toujours les mêmes : vitesse excessive, négligence mécanique, surcharge, et conduite sous fatigue. Pourtant, malgré les promesses des autorités et les annonces de renforcement des contrôles, la situation ne s’améliore pas. Pire, les drames se répètent, comme en témoignent les collisions récentes entre camions et bus, faisant des dizaines de victimes en quelques mois. Les camionneurs, trop souvent, roulent avec des véhicules en état de mort, conscients des risques mais protégés par une culture de l’impunité.
L’accident de Mboro illustre à lui seul l’irresponsabilité de certains routiers. Un camion n’est pas une arme, mais trop de conducteurs le traitent comme tel. Rouler avec un véhicule en mauvais état, surchargé, ou sans respecter les temps de repos, c’est accepter de mettre en danger la vie d’autrui. Pourtant, ces pratiques sont monnaie courante. Les témoignages et les rapports des secours le confirment : la plupart des accidents mortels sont dus à des « facteurs humains », dépassements dangereux, freins défectueux, pneus lisses, ou conducteurs endormis au volant. À Mboro, comme ailleurs, ce ne sont pas les routes qui tuent, mais bien l’inconséquence de ceux qui les empruntent.
Les camionneurs ne peuvent plus se cacher derrière des excuses. La surcharge, par exemple, n’est pas une nécessité économique, mais un choix délibéré de maximiser les profits au mépris des vies humaines. De même, l’entretien défectueux des véhicules n’est pas une fatalité, mais le résultat d’une négligence coupable. Quand un camion perd le contrôle à cause de freins usés ou d’une direction défaillante, ce n’est pas un « accident », c’est un crime évitable.
Pourquoi ces pratiques persistent-elles ? Parce que les camionneurs savent qu’ils peuvent agir en toute impunité. Les contrôles routiers, bien que promis, restent insuffisants et souvent contournés. Les sanctions, quand elles sont appliquées, sont rarement à la hauteur des drames causés. Pire, les mesures annoncées, comme l’interdiction des pneus d’occasion ou des voyages nocturnes, sont systématiquement contournées, faute de volonté politique ou de moyens de contrôle.
La preuve ? En 2024, malgré les annonces sur le renforcement des sanctions, les accidents continuent de se multiplier. À Kaffrine, 16 morts en mars ; à Ndande, 11 morts en juillet ; et maintenant, un enfant de 18 mois à Mboro. Chaque fois, les mêmes causes, les mêmes responsables, les mêmes promesses non tenues. Combien de vies faudra-t-il encore pour que les autorités agissent vraiment ?
En France, la vitesse excessive et l’alcool au volant, responsables de près d’un tiers des accidents mortels, sont sévèrement réprimés, avec des peines pouvant aller jusqu’à la prison. Au Sénégal, les conducteurs dangereux s’en tirent souvent avec des amendes dérisoires, quand ils sont sanctionnés. Pourtant, les solutions existent : contrôles techniques rigoureux, suspension immédiate des permis en cas d’infraction grave, et peines exemplaires pour les homicides involontaires. Mais pour cela, il faudrait briser le cycle de la complaisance qui protège les routiers indélicats.
L’accident de Mboro n’est pas un drame isolé, mais le symbole d’un système défaillant, où la vie des piétons, surtout dans les quartiers populaires, compte moins que les intérêts économiques. Les camionneurs irresponsables, les propriétaires de flottes complices, et les autorités trop laxistes portent une lourde responsabilité. On doit mettre fin à cette culture de l’impunité.
La sécurité routière ne se décrète pas, elle se construit par des actes concrets : contrôles systématiques, sanctions exemplaires, et sensibilisation sans relâche. Les enfants de Mboro, comme toutes les victimes de la route, méritent mieux que des larmes et des promesses. Ils méritent la justice. Et cette justice, elle doit commencer par punir ceux qui transforment leurs camions en machines à tuer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Raoul Dacosta.
Mis en ligne : 12/10/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





