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Un récent fait divers à Thiès a encore révélé l’ampleur de la consommation de drogue chez les jeunes : huit jeunes, dont deux filles et deux mineurs, ont été arrêtés en pleine consommation de chanvre et d’ecstasy dans un appartement loué. Le procureur a requis un mois de prison ferme, et les mineurs seront jugés par le tribunal pour enfants. Si la loi doit être respectée, cette réponse purement répressive est-elle adaptée ? Je pense que non. La prison ne résout rien. Ces jeunes ont besoin d’accompagnement, de prévention, et de solutions durables pour briser le cercle de l’addiction.
La consommation de drogue chez les jeunes sénégalais, notamment à Thiès, n’est pas un phénomène isolé. Selon une enquête de l’ONUDC, la toxicomanie touche de plus en plus de jeunes, souvent en situation de vulnérabilité économique et sociale. Le chômage, le manque de perspectives, et l’influence des pairs poussent de nombreux adolescents vers des substances illicites, avec des conséquences dramatiques : troubles mentaux, marginalisation, et même criminalité. À Dakar, près de 40 % des consultations en psychiatrie concernent des troubles liés à la dépendance chez les 16-30 ans. La prison, dans ce contexte, ne fait qu’aggraver leur exclusion.
L’arrestation et l’incarcération de ces jeunes, bien que légalement justifiées, ne s’attaquent pas aux causes profondes du problème. La plupart des structures de prise en charge sont sous-financées, peu accessibles, et mal adaptées aux besoins spécifiques des adolescents. Pire, la stigmatisation et l’absence de suivi post-carcéral augmentent les risques de récidive. En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Nigeria ont compris que la répression seule ne suffit pas : ils combinent désormais justice thérapeutique et programmes de réhabilitation, permettant aux consommateurs d’éviter la prison en échange d’un accompagnement médical et social.
Enfermer un jeune toxicomane, c’est le priver de toute chance de se reconstruire. Les centres de soins spécialisés, comme le CEPIAD à Dakar, montrent que la substitution et le suivi psychologique donnent de meilleurs résultats que la détention.
En France, des campagnes ciblées et des ateliers en milieu scolaire ont permis de réduire significativement la consommation de cannabis et d’alcool chez les adolescents. Pourquoi le Sénégal ne s’inspire-t-il pas de ces modèles ?
La lutte contre la drogue ne peut se limiter à la répression. Elle doit inclure des politiques publiques ambitieuses : création de centres d’écoute, formation des éducateurs, et soutien aux familles. Le Conseil national de la jeunesse du Sénégal, en cours de réforme, pourrait jouer un rôle clé dans cette sensibilisation.
En Europe, des pays comme le Portugal ont décriminalisé la consommation de drogue, privilégiant la santé publique à la punition. Résultat : baisse des overdoses, désengorgement des prisons, et meilleure réinsertion des usagers. En Afrique, le Nigeria et la Sierra Leone ont mis en place des systèmes de justice thérapeutique, réduisant la récidive et offrant une seconde chance aux jeunes. Ces exemples prouvent qu’une autre voie est possible.
La drogue est un fléau, mais la prison n’est pas la solution. Les jeunes arrêtés à Thiès sont avant tout des victimes d’un système qui les a laissés sans repères. Plutôt que de les enfermer, investissons dans la prévention, l’éducation, et l’accompagnement. La société sénégalaise doit choisir : continuer à punir, ou enfin guérir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Tidiane.
Mis en ligne : 13/10/2025
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