« La mort de maman n’a rien changé » : Récit d’un frère trahi  - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 31/10/2025 10:10:30

« La mort de maman n’a rien changé » : Récit d’un frère trahi 

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Il est temps de le dire sans détour : au Sénégal comme ailleurs, la famille n’est pas toujours ce refuge sacré qu’on nous décrit. Derrière les sourires de façade et les photos de famille, se cachent souvent des blessures profondes, des injustices tues, des rancunes transmises de génération en génération. L’histoire d’Ibrahima et de son frère Babacar en est une tragique illustration.

Deux frères, un même foyer, mais deux destins opposés. Babacar, l’aîné, était « le parfait » : charismatique, admiré, le préféré de leurs parents. Ibrahima, lui, vivait dans l’ombre, effacé, invisible, toujours en quête d’amour et de reconnaissance. Cette hiérarchie silencieuse, imposée dès l’enfance, a façonné un rapport de domination que beaucoup connaissent : celui où l’un prend toute la lumière pendant que l’autre porte tous les sacrifices.

Quand leur mère est tombée gravement malade, Ibrahima a tout abandonné pour s’occuper d’elle. Jour et nuit, il la soignait, la nourrissait, la veillait. Pendant ce temps, Babacar ne venait qu’épisodiquement, le temps d’une photo publiée sur Facebook, légendée d’un hypocrite « #MaMèreMonTrésor ». Pourtant, aux yeux du voisinage, c’était lui, le fils modèle. Une injustice de plus.

Même sur son lit de mort, leur mère a demandé à Ibrahima de « pardonner son frère ». Et, dans un ultime acte d’amour, il l’a fait. Mais la mort n’a pas guéri la haine. Pire, elle l’a déchaînée. Babacar a profité du partage des biens familiaux pour tout accaparer : terrain, maison, économies. Ibrahima a été jeté dehors, sans rien. Comme tant d’autres, il a compris que la famille peut parfois être le premier lieu d’injustice sociale.

La société sénégalaise aime vanter les valeurs de solidarité et de fraternité. Mais que valent ces valeurs quand elles masquent la cruauté, l’abus et le mépris au sein même des foyers ? Quand le frère devient un oppresseur, la loyauté devient une chaîne. Et le silence, celui qu’on impose « par respect », devient une forme d’esclavage moral.

Des années plus tard, quand Babacar s’est retrouvé entre la vie et la mort, Ibrahima a fait ce que beaucoup n’auraient pas fait : il lui a tendu la main. Il a prié pour lui, pleuré pour lui, espéré sa rédemption. Mais à son réveil, Babacar n’avait rien appris. Son orgueil était intact. Comme si la souffrance ne suffisait jamais à réveiller la conscience de ceux qui font du mal.

Cette histoire n’est pas un simple drame familial : c’est une leçon. Elle révèle à quel point le pardon est noble, mais aussi à quel point il peut être destructeur quand il devient une excuse pour l’injustice. Ibrahima, aujourd’hui, vit pauvre mais en paix. Et c’est peut-être cela, la vraie victoire : refuser de ressembler à ceux qui nous ont blessés.

Parce qu’au fond, il faut le dire : tous les liens de sang ne sont pas sacrés. Certains ne méritent ni notre loyauté ni notre silence. Et il est temps que notre société cesse de glorifier la famille au détriment de la vérité et de la dignité individuelle.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 31/10/2025

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