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L’actualité politique sénégalaise a été récemment marquée par un échange musclé entre deux figures du camp présidentiel : Abass Fall, maire de Dakar et ministre du Travail, et Abdourahmane Diouf, ministre de l’Environnement. Le premier a violemment répliqué à ce dernier après des propos jugés « discourtois et inintelligents », allant jusqu’à le qualifier de « profitard » et à l’avertir, avec une ironie mordante, de « faire attention à ses tibias ». Si le ton est monté d’un cran, c’est surtout la méthode et le fond de l’attaque d’Abass Fall qui interrogent.
J’estime que cette sortie, loin d’être anodine, révèle une incapacité à gérer les divergences en interne et un manque de mesure préjudiciable à la cohésion du camp présidentiel. Une analyse s’impose.
Abass Fall, figure montante du Pastef, a été élu maire de Dakar en août 2025, après une carrière politique marquée par son engagement militant et sa proximité avec Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Son élection symbolise la mainmise du parti au pouvoir sur la capitale, mais aussi l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, souvent plus prompts à l’affrontement qu’au compromis. De son côté, Abdourahmane Diouf, ministre de l’Environnement et président du parti Awalé, incarne une approche plus consensuelle, prônant la réconciliation nationale et le dépassement des clivages.
Leur désaccord public intervient dans un contexte de tensions internes au Pastef, où les rivalités personnelles et les divergences stratégiques menacent l’unité du parti et, par ricochet, la stabilité du gouvernement. Or, dans un pays où les fractures sociales sont profondes et où la gouvernance exige de la modération, de tels éclats ne sont pas sans conséquence.
L’attaque d’Abass Fall contre Abdourahmane Diouf est révélatrice à plus d’un titre. D’abord, par son manque de mesure : un maire, surtout celui de la capitale, se doit d’incarner la retenue et le respect des institutions. Or, en recourant à des termes comme « profitards » et en usant d’ironie (« faites attention à vos tibias »), Abass Fall adopte un ton déplacé, qui frise l’injure et révèle une immaturité politique peu compatible avec les responsabilités qui sont les siennes.
Ensuite, cette sortie semble répondre à un calcul électoraliste. En se posant en « défenseur » du Pastef face à un ministre perçu comme un allié de dernière heure, Abass Fall cherche à consolider sa base militante, au risque d’alimenter les divisions. Pourtant, le président Bassirou Diomaye Faye a toujours insisté sur la nécessité d’une gouvernance inclusive, rappelant qu’il est « le président de tous les Sénégalais ». En attisant les tensions, Abass Fall s’éloigne de cette ligne et fragilise la cohésion du camp présidentiel, alors que le Sénégal a plus que jamais besoin d’unité.
Enfin, cette polémique est un danger pour la stabilité du gouvernement. Les divisions internes, surtout lorsqu’elles sont étalées publiquement, sapent la crédibilité de l’exécutif et peuvent décourager les partenaires nationaux et internationaux. D’autres partis africains, comme le PDCI en Côte d’Ivoire, ont vu leur influence décliner en raison de divisions internes mal gérées, au détriment de la stabilité politique et du développement.
Les propos d’Abass Fall, empreints de mépris et de sarcasme, sont incompatibles avec la dignité attendue d’un maire, surtout dans un contexte où le dialogue et l’apaisement sont cruciaux. Son attitude contraste avec celle d’Abdourahmane Diouf, qui appelle à la réconciliation et à la modération.
En stigmatisant un ministre membre de la coalition, Abass Fall alimente les clivages au sein du parti, alors que l’unité est un impératif pour mener à bien les réformes promises. Les tensions entre Sonko et Faye ont déjà montré les dangers d’une telle fragmentation.
Si les cadres du parti s’autorisent à régler leurs différends sur la place publique, comment espérer une gouvernance apaisée et efficace ? Les exemples africains montrent que les divisions internes, lorsqu’elles ne sont pas contenues, peuvent dégénérer en crises politiques majeures.
Abass Fall, en attaquant publiquement Abdourahmane Diouf, a non seulement manqué de mesure, mais il a aussi montré une incapacité à gérer les divergences en interne. Son comportement, loin d’être anodin, affaiblit la cohésion du camp présidentiel et risque de fragiliser la stabilité du gouvernement. À l’heure où le Sénégal a besoin de rassemblement et de modération, de tels éclats sont contre-productifs et nuisent à l’image du pays.
Un maire doit-il attiser les divisions ou travailler à l’apaisement ? La réponse semble évidente. Abass Fall ferait bien de s’en souvenir, pour le bien de Dakar, du Pastef, et du Sénégal.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Richard Diop.
Mis en ligne : 06/11/2025
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