Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Fatou, 33 ans, a commis une erreur qu’elle reconnaît sans détour : elle a trompé son mari, Cheikh. Six mois plus tard, elle vit dans un silence glacial, un couple brisé, une maison transformée en champ de culpabilité. Elle a tout avoué, par honnêteté, pensant que la vérité pourrait être le premier pas vers la réconciliation. Mais depuis cet aveu, son mari ne lui adresse plus la parole, dort sur le canapé et la traite avec une indifférence cinglante. Pourtant, elle s’excuse chaque jour, cherche à se racheter, prie pour une seconde chance. En vain.
Ce cas, loin d’être isolé, révèle une profonde hypocrisie de notre société : celle qui condamne sévèrement la faute féminine tout en tolérant, voire excusant, celle des hommes. Quand c’est un mari qui s’égare, on parle de « faiblesse masculine » ou d’« erreur passagère ». Quand c’est une femme, on la juge comme si elle avait commis un crime irréparable. La société sénégalaise, à travers ses normes et ses tabous, a construit un système de pardon à sens unique.
Mais posons-nous la vraie question : pourquoi le pardon devrait-il être un privilège masculin ? L’acte d’infidélité est certes grave, mais il ne définit pas toute une personne. Dans le cas de Fatou, l’infidélité n’était pas née du mépris, mais du désespoir. Elle s’est sentie seule, ignorée, épuisée par une indifférence affective. Ce vide émotionnel, souvent banalisé dans les couples, peut devenir un terrain fertile pour la faute. Cela n’excuse pas le geste, mais l’explique. Et comprendre n’est pas approuver, c’est déjà refuser le jugement aveugle.
Cheikh, lui, se réfugie dans le silence et la rancune. Mais cette posture, aussi légitime qu’elle puisse paraître, interroge : veut-il sauver son ego ou son mariage ? Car pardonner n’est pas oublier, c’est choisir d’avancer. Or, dans bien des foyers, les hommes refusent ce pas, préférant humilier ou punir plutôt que reconstruire. Ils exigent la loyauté absolue d’une femme, tout en s’accordant les libertés qu’ils refusent à l’autre.
Ce déséquilibre ne vient pas seulement des hommes, mais aussi d’une culture qui glorifie leur domination affective. On apprend aux femmes à tout supporter au nom du foyer, mais jamais aux hommes à pardonner. On dit qu’un homme trahi perd sa dignité, mais qu’en est-il de la femme trahie ? La sienne compte-t-elle moins ?
Il est temps de repenser le couple non pas comme un lieu de hiérarchie morale, mais comme un espace d’humanité partagée. L’amour, s’il est vrai, demande la réciprocité dans l’effort, la compréhension et le pardon. Fatou a fauté, oui. Mais elle a aussi eu le courage d’assumer, de demander pardon et de se battre pour réparer. Ce courage mérite réflexion, non mépris.
Le vrai défi, aujourd’hui, est d’apprendre à pardonner sans domination. Le pardon ne devrait pas être une faveur que l’homme accorde, mais une démarche commune pour deux êtres faillibles qui choisissent encore de croire en leur histoire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/11/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




