Thierno Bocoum : Toujours des critiques, jamais de projets - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 21/11/2025 08:11:00

Thierno Bocoum : Toujours des critiques, jamais de projets

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Dans une récente tribune, Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR Les Leaders, a vivement critiqué la politique énergétique du gouvernement sénégalais, dénonçant une « équation économiquement absurde » et un « populisme énergétique » après l’annonce d’une baisse des tarifs de l’électricité, du gaz et des carburants. Pourtant, derrière ses mises en garde répétées, Bocoum semble surtout éviter les questions de fond : la gouvernance de la Senelec, la lutte contre la corruption, et la diversification des sources d’énergie. Son discours, centré sur la défense des subventions, passe sous silence les responsabilités partagées et les alternatives possibles, préférant la critique facile à l’analyse constructive.

La crise actuelle de la Senelec n’est pas née des dernières décisions gouvernementales. Elle est le résultat d’années de mauvaise gestion, de dettes accumulées (plus de 197 milliards FCFA dus par l’État à la Senelec), et d’un modèle énergétique dépendant des subventions, dont le coût a explosé ces dernières années. Les audits récents de la Cour des comptes et du FMI ont révélé une dette publique bien plus élevée que supposé, incluant des engagements cachés des entreprises publiques comme la Senelec. Bocoum, ancien député et membre fondateur du parti Rewmi, connaît pourtant bien ces enjeux : il a lui-même participé à des gouvernements et coalitions qui ont contribué à cette situation.

Bocoum focalise son argumentaire sur la réduction des subventions, qu’il présente comme une menace pour les ménages. Pourtant, il omet de rappeler que ces subventions, bien que sociales, ont aussi favorisé des gaspillages, des inefficacités, et une dépendance insoutenable pour les finances publiques. Plutôt que de proposer des réformes structurelles (privatisation partielle, lutte contre la fraude, développement des énergies renouvelables), il se contente de dénoncer la baisse des transferts publics, sans jamais aborder la nécessité de moderniser la Senelec ou de diversifier le mix énergétique.

Son silence sur les alternatives est frappant. Alors que des pays comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire ont réussi à réduire leurs coûts énergétiques grâce à des réformes audacieuses et à l’intégration massive des énergies renouvelables, Bocoum ne propose rien de concret pour le Sénégal. Pire, il ignore les efforts en cours pour développer le gaz domestique et les énergies vertes, préférant brandir la menace des délestages comme une fatalité.

Bocoum critique la baisse des subventions, mais ne parle jamais des solutions de remplacement. Pourquoi ne pas exiger, par exemple, un plan ambitieux pour les énergies solaires ou éoliennes, comme l’ont fait d’autres pays africains ?

La dette de la Senelec s’est accumulée sous plusieurs régimes, y compris ceux qu’il a soutenus. Pourquoi ne pas en faire une analyse globale, plutôt que de cibler uniquement le gouvernement actuel ?

Son mouvement, AGIR Les Leaders, peine à proposer un projet crédible pour le secteur énergétique. Au lieu de critiquer, pourquoi ne pas suggérer des réformes de gouvernance, une meilleure allocation des ressources, ou des partenariats publics-privés pour moderniser le réseau ?

En pointant du doigt le gouvernement, Bocoum détourne l’attention des faiblesses de son propre camp. Son discours, plus politique que technique, dessert le débat public en entretenant la confusion plutôt qu’en éclairant les choix possibles.

Plusieurs pays africains ont réussi à réduire leurs subventions énergétiques sans provoquer de crise sociale, en combinant transparence, compensation ciblée pour les plus pauvres, et investissements dans les énergies propres. Le Ghana, par exemple, a augmenté les prix des carburants sans heurt en accompagnant la mesure d’aides sociales. Le Maroc et la Côte d’Ivoire ont, eux, drastiquement réduit leurs tarifs électriques grâce à des réformes structurelles et à une diversification de leur mix énergétique. Bocoum, lui, semble prisonnier d’une vision court-termiste, incapable de penser la transition énergétique dans sa globalité.

Thierno Bocoum a le droit de critiquer, mais son discours, centré sur la défense des subventions et la dénonciation facile, évite soigneusement les sujets qui fâchent. Plutôt que de jouer les prophètes de malheur, il ferait mieux de contribuer à un débat constructif, en proposant des solutions pour une Senelec plus efficace, plus transparente, et plus durable. Le Sénégal mérite un débat énergétique à la hauteur de ses défis, pas une opposition qui se contente de dire non sans jamais dire comment faire mieux.

Thierno Bocoum illustre parfaitement le piège de la critique stérile : beaucoup de bruit, mais bien peu de lumière. Le vrai débat énergétique, lui, reste à venir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Konaté.
Mis en ligne : 21/11/2025

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