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La révélation du voyage discret d’Ousmane Sonko aux Émirats arabes unis, diffusée par un tweet de Madiambal Diagne, a suscité une polémique aussi rapide qu’infondée. Pourtant, une analyse approfondie des faits et du contexte montre que cette affaire relève davantage d’un coup médiatique que d’un véritable scandale. En effet, Madiambal Diagne, dont l’histoire récente est marquée par des controverses judiciaires et des prises de position partisanes, semble une fois de plus privilégier l’effet d’annonce à la rigueur journalistique. Dans un contexte où le Sénégal a bien d’autres défis à relever, cette polémique apparaît comme une diversion stérile, alimentée par un acteur dont la crédibilité est sérieusement entachée.
Madiambal Diagne n’est plus un simple observateur de la vie politique sénégalaise. Depuis 2024, il est au cœur de plusieurs affaires judiciaires, notamment pour des soupçons de rétrocommissions et de blanchiment de capitaux, avec un mandat d’arrêt international émis à son encontre en septembre 2025. Proche de l’ancien président Macky Sall, il a souvent utilisé sa tribune pour attaquer ses opposants, notamment Ousmane Sonko, avant de fuir vers la France pour échapper à la justice sénégalaise. Ses révélations sur le voyage du Premier ministre, lancées depuis Paris, s’inscrivent dans une stratégie de provocation bien connue : créer la polémique pour rester dans l’actualité, quitte à sacrifier la vérité sur l’autel du sensationnalisme.
Le tweet de Diagne, qui annonce le départ de Sonko pour Abu Dhabi à bord d’un jet privé, soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Pourtant, une lecture attentive des faits montre que cette révélation est loin d’être anodine : elle vise à semer le doute sur la transparence du gouvernement, sans apporter la moindre preuve de malversation. Or, le voyage d’Ousmane Sonko aux Émirats n’a rien d’exceptionnel. La Primature a d’ailleurs confirmé qu’il s’agissait d’une visite officielle, comme en témoigne la rencontre entre Sonko et le ministre émirati des Affaires africaines, Sheikh Shakhboot bin Nahyan Al Nahyan, le 9 septembre 2025. Cette mission s’inscrit dans une série de déplacements diplomatiques et économiques, à l’instar de celle effectuée en Chine en juin 2025, où le Premier ministre a rencontré des investisseurs et des dirigeants chinois pour renforcer les partenariats économiques.
Par ailleurs, l’utilisation d’un jet privé par des dirigeants africains n’est pas une pratique isolée. En Afrique, où les infrastructures aériennes sont souvent limitées, les jets privés sont couramment utilisés par les chefs d’État et de gouvernement pour des raisons de sécurité, d’efficacité et de discrétion, notamment lors de missions sensibles. Si la question du coût peut se poser, elle doit être mise en perspective avec les enjeux économiques et diplomatiques en jeu. Dans un contexte où le Sénégal cherche à diversifier ses partenariats et à attirer des investissements, la discrétion peut même être un atout pour éviter les pressions extérieures et négocier dans les meilleures conditions.
Contrairement à ce que laisse entendre Diagne, Sonko n’a pas « fui » le pays. Son déplacement aux Émirats a été confirmé par des sources officielles, et il s’agit d’une pratique courante pour les dirigeants africains en mission économique. La discrétion autour de certains voyages n’est pas synonyme d’opacité, mais peut répondre à des impératifs stratégiques.
Madiambal Diagne, en exil et poursuivi pour des affaires de corruption, a tout intérêt à alimenter les polémiques pour détourner l’attention de ses propres démêlés judiciaires. Ses révélations, souvent partielles et non sourcées, visent à discréditer le gouvernement actuel, qu’il a longtemps combattu.
Si le silence initial de la Primature peut surprendre, il ne saurait justifier une campagne de dénigrement. Les gouvernements du monde entier adaptent leur communication en fonction des enjeux, et le Sénégal ne fait pas exception. Plutôt que de crier au scandale, il serait plus constructif d’exiger des clarifications officielles, ce que le gouvernement a finalement fait en confirmant la nature officielle du voyage.
Le Sénégal traverse une période de tensions budgétaires, mais aussi de réformes structurelles. Dans ce contexte, les polémiques stériles autour d’un jet privé détournent l’attention des vrais défis : la relance économique, la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté. Les citoyens méritent mieux que des débats superficiels alimentés par des acteurs aux intentions douteuses.
L’utilisation de jets privés par les dirigeants africains est une réalité bien documentée. Au Nigeria, en Côte d’Ivoire ou encore au Rwanda, les chefs d’État et de gouvernement recourent régulièrement à ce moyen de transport pour des raisons pratiques et sécuritaires. Par exemple, lors du Forum économique mondial de Davos, de nombreux dirigeants africains se déplacent en jet privé, malgré les critiques sur l’impact environnemental ou le coût. Ces pratiques, bien que discutables, sont rarement l’objet de polémiques aussi virulentes que celle déclenchée par Diagne. Cela montre que le problème n’est pas tant le voyage en lui-même, mais la manière dont il est instrumentalisé à des fins politiques.
La polémique autour du voyage d’Ousmane Sonko aux Émirats est avant tout le fruit d’une stratégie médiatique bien huilée, portée par un journaliste dont la crédibilité est sérieusement ébranlée. Plutôt que de s’indigner sur la base de rumeurs, il serait plus utile de se concentrer sur les résultats concrets de ces missions diplomatiques et économiques. Le Sénégal a besoin de débats sérieux et constructifs, pas de buzz éphémères qui ne servent qu’à alimenter les tensions politiques.
Cette affaire rappelle une fois de plus que Madiambal Diagne excelle dans l’art de créer la polémique, mais peine à apporter une information sérieuse et vérifiée. Dans un pays où les défis sont immenses, les citoyens et les médias gagneraient à se focaliser sur l’essentiel : les actions concrètes du gouvernement pour améliorer le quotidien des Sénégalais. Le vrai scandale, ce n’est pas un jet privé, mais la tendance à privilégier le sensationnel au détriment de l’information responsable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Ba.
Mis en ligne : 11/12/2025
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