Article opinion écrit par la contributrice : Nabou Dieng.
Les coups d’État militaires semblent être de retour dans plusieurs pays africains francophones, où les changements de régime se font sans passer par les élections.
Ce phénomène remarquable mérite certain éclaircissement. Au cours des deux dernières années, des pays tels que la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, et plus récemment le Gabon ont été témoins de coups d’État militaires . Cela soulève naturellement des questions. Quelles sont les véritables motivations derrière ces interventions militaires ?
Dans les pays francophones, il est courant d’observer l’émergence de gouvernements à dimension familiale lorsqu’il s’agit de l’exploitation à grande échelle des ressources pétrolières ou gazières. C’est un défi à relever, un état n’a pas d’amis, à plus forte raisons travailler en famille. Au Sénégal, notamment, il est crucial de résoudre cette question pour le bien de tous, car le gaz de Saint-Louis est une ressource partagée.
Un autre point commun entre ces pays francophones est l’échec des États postcoloniaux, qui ont été fortement influencés par la France. Ils ont traversé deux phases historiques, l’une autoritaire et l’actuelle, pour être plus précis, pseudo-démocratique.
Lorsque les anciennes colonies françaises ont accédé à l’indépendance, le général de Gaulle et son gouvernement ont mis en place des régimes qui, derrière une façade de souveraineté africaine, maintenaient l’influence française. Cela ne justifie en aucun cas les coups d’État, mais cela permet de comprendre l’impasse politique dans laquelle se sont retrouvés ces pays francophones d’Afrique.
Des exemples tels que les dynasties des Bongo père et fils au Gabon ou Paul Biya, président éternel du Cameroun, montrent des démocraties sans alternance, sans contrepouvoirs, et sans frein à la corruption. Cette mascarade politique est en train de s’effondrer partout. Les intérêts économiques français et chinois occupent une grande partie du continent, maintenant ainsi une influence occidentale.
Cependant, l’héritage du passé, le cadre institutionnel existant, les blocages politiques, et une nouvelle génération qui en a assez d’une mauvaise gouvernance, ont conduit les militaires à se présenter comme des sauveurs.
Paris se trompe en appelant à un retour des institutions, ces institutions même qui ont perdu leur légitimité. Le contrat social est rompu et peut-être, est-ce l’occasion de le renégocier des nouvelles collaborations avec le continent, en faisant table rase des anciens acquis et privilèges et repartir sur de nouvelles bases ?
Il s’agit ici de construire une nouvelle collaboration entre la France et le continent africain. Comme l’adage le dit « quand un divorce est prononcé, c’est seulement après qu’on sait ce qu’ on a perdu ».
Article opinion écrit par la contributrice : Nabou Dieng
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