Après un premier renvoi, le 26 juin dernier, en raison de l’état de santé d’Ibrahima Fall, l’affaire du chauffeur sénégalais brutalisé dans une carrière à Darou Khoudoss (Mboro) a finalement été plaidée ce mercredi devant le tribunal départemental de Tivaouane.
Ibrahima Fall, chauffeur aux Industries Chimiques du Sénégal (ICS) de Taïba, s’est présenté à la barre ce mercredi. Le procureur, dans son réquisitoire, a demandé une peine de six mois ferme pour l’interprète et le comptable chinois, ainsi qu’un an ferme pour le manager qui avait apposé son genou sur la tête du chauffeur.
« L’argent que vous avez récupéré par la force des mains d’Ibrahima Fall est son salaire dûment gagné. Cela peut donc être qualifié de vol », a affirmé le représentant du parquet. Concernant le manager de l’entreprise, visible dans la vidéo devenue virale, le parquet a été plus sévère.
« On voit dans la vidéo une intention de faire mal. Vous étiez trois personnes. Vous pouviez le maîtriser sans lui faire mal. Mais vous avez choisi de poser votre genou sur sa tête pendant plusieurs minutes, ce qui a conduit à détériorer son état de santé », a-t-il ajouté.
Interrogé, Ibrahima Fall a révélé que les prévenus ont commencé à le rouer de coups à l’intérieur du bureau avant de le traîner dehors. « Ils m’ont tous frappé dans le bureau. S’il n’y avait pas cette vidéo, jamais ils n’auraient reconnu les faits », a-t-il déclaré.
Les trois prévenus ont exprimé des regrets quant à la tournure de leur altercation avec Ibrahima Fall. Acculés par les avocats de la partie civile et le parquet, ils ont affirmé que leur intention n’était pas de blesser le chauffeur, mais simplement de récupérer les 130 000 CFA qu’il avait pris et refusait de décharger.
« Quand Ibrahima a récupéré l’argent et s’est précipité à la porte pour prendre la fuite, notre réflexe a été de le poursuivre instinctivement pour récupérer cet argent. Quand il s’est couché par terre, c’était un peu difficile de mettre la main sur l’argent. Et il s’est passé ce qu’il s’est passé », a déclaré l’un des prévenus, relayé par un interprète.
Me Faty, avocat de la partie civile, a souligné : « Ils se sont dit qu’Ibrahima Fall est un nègre bon à rien. C’est pourquoi ils ont exercé sur lui ces actes de torture. Si cela s’était passé en Europe ou en Amérique, ils ne se seraient pas comportés de la sorte.
Mon client a subi un préjudice physique et moral. Cette vidéo, qui est une humiliation, a fait le tour du monde. Pour sa santé, nous prévoyons de faire un examen complémentaire pour voir s’il ne va pas traîner des séquelles à l’avenir.
Et pour tout cela, nous demandons à la Cour de tenir l’entreprise chinoise civilement responsable et réclamons la somme de 100 millions en guise de dommages et intérêts assortis d’une contrainte par corps. »
La défense a introduit une nouvelle demande de liberté provisoire, que le juge a rejetée, avant de mettre l’affaire en délibéré au 17 juillet prochain.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
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