La Libye, plongée dans le chaos depuis la chute de Kadhafi en 2011, peine à retrouver la stabilité. Entre guerre civile et contrôle des milices, ce pays autrefois prospère est devenu le théâtre d’une crise humanitaire sans fin. Quatorze ans plus tard, l’espoir de paix reste fragile.
Depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à un chaos politique et militaire. Les promesses de la révolution ont été balayées par la montée en puissance des milices armées, les divisions politiques et l’ingérence étrangère.
Le pays, qui possédait autrefois le PIB par habitant le plus élevé d’Afrique, est désormais ravagé par la violence et l’instabilité. Alors que la communauté internationale peine à trouver une solution durable, la situation des Libyens se détériore chaque jour.
Le rêve de démocratie né en 2011 a rapidement viré au cauchemar. Après la chute de Kadhafi, la Libye a élu son premier Congrès général national en 2012. Mais cette euphorie post-révolutionnaire a été de courte durée. En quelques mois, le pays est tombé dans le chaos. Les groupes armés se sont multipliés, et les attaques contre des cibles internationales ont marqué le début d’une longue guerre civile. L’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi en 2012 a précipité la fermeture de nombreuses ambassades, laissant la Libye isolée sur la scène internationale.
En 2014, la situation s’est encore aggravée. Le gouvernement, incapable de contrôler les milices et de protéger les infrastructures pétrolières, a vu son autorité contestée. Le général Khalifa Haftar, qui avait joué un rôle important après la chute de Kadhafi, a tenté de prendre le contrôle du pays. Mais ses ambitions se sont heurtées à la résistance des milices locales et à l’implantation de Daech dans la région de Syrte. Cette guerre pour le contrôle du pays a entraîné la création de deux gouvernements rivaux, l’un à Tripoli, soutenu par l’ONU, et l’autre à Benghazi, dirigé par Haftar.
Les accords signés au Maroc en 2015 sous l’égide de l’ONU ont donné naissance à un Gouvernement d’union nationale (GNA). Mais ce dernier n’a jamais réellement réussi à s’imposer. Les milices, véritables maîtres du terrain, continuent de dicter leurs lois. En 2019, Haftar a lancé une nouvelle offensive sur Tripoli, dans l’espoir de renverser le GNA. Cette tentative a échoué grâce au soutien militaire de la Turquie, mais elle a exacerbé les divisions internes et fragilisé encore davantage le pays.
Le peuple libyen paie le prix fort de cette guerre interminable. Les infrastructures sont en ruine, les pénuries d’électricité et de produits de première nécessité sont devenues la norme. En 2020, le pain, aliment de base, a vu son prix augmenter de 25 %. L’inflation galopante frappe de plein fouet une population déjà appauvrie. Pourtant, la Libye possède des réserves d’hydrocarbures parmi les plus importantes du continent. Mais la gestion chaotique de ces ressources, couplée à la mainmise des milices sur les terminaux pétroliers, empêche le pays de se redresser.
Alors, comment sortir la Libye de cet enfer ? Il est évident que la solution ne pourra venir que d’un processus politique inclusif. La première étape est de désarmer les milices, véritable fléau pour la paix. Tant que ces groupes armés continueront à contrôler des portions du territoire, aucun gouvernement ne pourra s’imposer. Pour cela, la communauté internationale doit exercer une pression sur les puissances étrangères qui soutiennent ces milices, que ce soit la Turquie, la Russie ou d’autres acteurs régionaux.
Ensuite, la Libye a besoin d’élections libres et transparentes. Les tentatives de cessez-le-feu et les négociations de paix, comme celles menées en 2020, ont montré qu’un dialogue est possible. Mais ce dialogue doit inclure toutes les parties prenantes, y compris les acteurs civils. Trop souvent, les négociations sont menées uniquement entre factions armées, laissant de côté la société civile et les acteurs non violents, qui sont pourtant essentiels à la reconstruction du pays.
Enfin, il est urgent de relancer l’économie libyenne. Le pétrole est une richesse que la Libye doit exploiter de manière transparente, au profit de tous ses citoyens. Les fonds libyens bloqués à l’étranger pourraient être utilisés pour reconstruire les infrastructures et rétablir les services de base. Mais cela ne pourra se faire que si un gouvernement légitime est en place et si la paix est rétablie.
La Libye, quatorze ans après la mort de Kadhafi, reste piégée dans une spirale de violence et d’instabilité. Le chemin vers la paix sera long et semé d’embûches, mais il est possible. La communauté internationale doit cesser de traiter ce pays comme un terrain de jeu pour des intérêts géopolitiques et soutenir un processus de paix véritable. Seule une Libye unie, débarrassée des milices, pourra enfin retrouver la prospérité et la stabilité dont elle a tant besoin.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 24/10/2024
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