Au Nigeria, la pauvreté coexiste avec une richesse immense, résultat d’une mauvaise distribution des ressources. Les inégalités s’accentuent, tandis que les plus démunis sont marginalisés. Cette situation alimente un cycle d’injustice et de frustration sociale.
Le Nigeria est souvent présenté comme un géant économique en Afrique, fort de ses ressources pétrolières et de son potentiel humain.
Pourtant, un contraste saisissant frappe les observateurs : malgré cette richesse, la pauvreté explose. Une visite à Lagos, la capitale économique, suffit pour comprendre ce paradoxe. Makoko, surnommée la cité flottante, en est l’illustration parfaite. Ce village flottant, situé au cœur de la ville, côtoie les gratte-ciel luxueux, mais vit dans une insalubrité inouïe. Ses habitants sont privés d’accès aux services de base, tandis que d’autres régions, avec des structures similaires dans le monde, sont des pôles d’attraction touristique.
Ce contraste criant met en lumière un problème fondamental : la redistribution inégale des richesses. En effet, le Nigeria regorge de ressources naturelles, notamment le pétrole, qui lui assure des revenus colossaux. Pourtant, une large partie de la population ne bénéficie pas de cette manne financière.
Les ressources, au lieu d’être investies pour améliorer les conditions de vie des citoyens, semblent être accaparées par une élite restreinte. Et ce phénomène n’est pas propre au Nigeria. Partout en Afrique, les ressources sont mal distribuées et les actions prioritaires, souvent mal gérées.
Ce qui aggrave la situation, c’est le comportement des élites politiques et économiques. Les dirigeants, souvent proches des milieux d’affaires et des nantis, semblent éloignés des préoccupations des populations pauvres. Ils ne fréquentent les quartiers défavorisés que lors de sinistres ou en période électorale. Le reste du temps, ils se contentent de s’entourer de collaborateurs bien installés, avec des costumes impeccables et des chaussures bien cirées. Cela montre une déconnexion flagrante avec les réalités que vivent des millions de citoyens.
Cette situation est symptomatique d’un problème plus large : la concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns. Les dirigeants africains, notamment au Nigeria, se partagent les gros marchés et les grosses commissions, laissant peu de place à une gestion équitable des ressources publiques. Pendant ce temps, la majorité de la population souffre de la pauvreté, malgré le potentiel économique de son pays.
Le danger d’une telle situation est évident. Plus la pauvreté s’accentue, plus une bombe sociale se prépare. Les inégalités croissantes alimentent un sentiment d’injustice et de frustration parmi les couches les plus défavorisées de la population. Ces frustrations peuvent rapidement dégénérer en crises sociales, voire en conflits. Le Nigeria en a déjà fait les frais avec des mouvements comme celui des militants du Delta du Niger, qui ont pris les armes pour protester contre la mauvaise gestion des ressources pétrolières de leur région.
Les tensions sociales et économiques sont d’autant plus explosives que la pauvreté est souvent associée à un manque d’accès à l’éducation et aux services de base. Cela crée un terreau fertile pour l’insécurité, le banditisme et le terrorisme. Le Nord du Nigeria, en proie à l’insurrection de Boko Haram, est un exemple tragique de ce lien entre pauvreté et violence. Ce groupe terroriste recrute en exploitant la misère des jeunes, qui n’ont aucune perspective d’avenir.
La solution à cette explosion inéluctable de pauvreté et de frustration sociale ne passe ni par des mesures cosmétiques ni par une simple redistribution d’aides financières. Ce qu’il faut, c’est un partage équitable des ressources, une meilleure gouvernance et une justice sociale réelle. Les finances publiques doivent être utilisées pour le bien commun et non accaparées par une poignée de privilégiés.
Le développement du Nigeria, comme celui de l’Afrique en général, doit passer par l’investissement dans des secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé et l’assainissement. Cela permettra d’améliorer les conditions de vie des populations tout en réduisant les inégalités. Les dirigeants doivent faire preuve de transparence dans la gestion des ressources et cesser de privilégier les élites au détriment des plus vulnérables.
Un autre élément essentiel est l’implication des populations elles-mêmes dans les décisions qui affectent leur quotidien. Les communautés locales doivent avoir leur mot à dire sur l’utilisation des ressources naturelles qui se trouvent sur leurs terres. Cela renforcerait la cohésion sociale et donnerait un sentiment d’appartenance aux citoyens, les éloignant ainsi des tentations de révoltes ou de mouvements violents.
Il est urgent de repenser la distribution des ressources au Nigeria et en Afrique. Les élites politiques et économiques doivent prendre conscience que la paix et la sécurité passent par une justice économique et sociale. La concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns est un frein au développement et une menace pour la stabilité. Si la pauvreté continue de croître à ce rythme, les tensions sociales exploseront tôt ou tard.
La solution réside dans un meilleur partage des ressources et une gouvernance axée sur le bien-être collectif. Il est temps pour les dirigeants africains de se reconnecter avec leur peuple, de prendre en compte leurs besoins et de construire une société plus juste et plus équitable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 31/10/2024
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