L’article dévoile un sombre constat : les violences sexuelles perpétrées par certains soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) persistent, malgré les mesures mises en place après les scandales de 2015.
Selon une enquête conjointe du journal Le Monde et de The New Humanitarian, les témoignages de victimes, souvent des femmes, révèlent une réalité effrayante. Malgré la mise en place de systèmes de prévention et de réponse, tels que les comités locaux de prévention ou les numéros gratuits, les agressions continuent, majoritairement impunies.
Dix-neuf femmes ont courageusement brisé le silence, exposant les viols dont elles ont été victimes, ainsi que les stigmates et les traumatismes qui en découlent. Elles sont nombreuses à avoir fui leur famille, rejetées par leur entourage.
Ces femmes ont perdu non seulement leur dignité, mais également leurs repères dans une société qui, loin de leur apporter du soutien, les isole davantage. Ces récits illustrent une impuissance institutionnelle et un manque de communication qui laissent les victimes dans l’ombre, incapables de trouver un refuge ou de dénoncer leurs agresseurs sans craindre de représailles.
Le silence des victimes ne s’explique pas uniquement par la peur, mais aussi par le manque d’informations. Comme le souligne Barbara Debout, la journaliste ayant mené l’enquête, beaucoup de ces femmes ignorent les démarches à suivre ou les ressources à leur disposition.
Ce manque de communication est également mis en lumière par le fait que ni les victimes ni les ONG locales n’ont connaissance des initiatives de sensibilisation que la Minusca affirme avoir lancées, telles que les campagnes par SMS ou via les radios communautaires.
La Minusca tente de justifier ce déficit de communication par la complexité géographique et logistique du pays, un vaste territoire où les déplacements et les communications sont souvent difficiles. Cependant, ces explications peinent à masquer le fait que la plupart des victimes restent abandonnées à leur sort, incapables de recouvrer leur dignité. La porte-parole de la Minusca, Florence Marchal, évoque des programmes de formation pour certaines victimes, mais cela semble dérisoire face à l’ampleur du problème.
Le scandale n’épargne pas les soldats rwandais de la Minusca, qui sont parmi ceux accusés. Bien que l’armée rwandaise ait fermement démenti les accusations portées contre ses troupes, le doute persiste. Elle assure que la discipline et l’efficacité de ses soldats restent intactes, mais cette déclaration ne suffit pas à effacer les témoignages accablants des victimes.
Depuis 2015, l’ONU a recensé des allégations d’abus sexuels contre plus de 730 soldats de la Minusca. Un chiffre qui, à lui seul, témoigne de l’ampleur de ce fléau, malgré les efforts prétendument déployés pour y mettre fin.
Si la Minusca et les Nations Unies souhaitent réellement restaurer leur crédibilité et, surtout, protéger les civils qu’elles sont censées défendre, il est urgent que des mesures concrètes soient appliquées. Sans une refonte profonde des systèmes de prévention et un meilleur accès à la justice pour les victimes, ces violences continueront de ternir l’image des forces de maintien de la paix et de perpétuer un cycle de souffrance parmi les populations les plus vulnérables.
Cette enquête met en lumière les défaillances persistantes dans la lutte contre les abus sexuels en Centrafrique. Elle appelle à une prise de conscience collective et à des actions plus fermes pour mettre fin à ces atrocités, qui jettent une ombre sur la mission principale de la Minusca : la protection des populations civiles.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye’s
Mis en ligne : 02/11/2024
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