Les tresses africaines, véritables symboles d’identité culturelle et de beauté, occupent une place essentielle dans le patrimoine de nombreuses communautés africaines et afrodescendantes. À travers l’histoire, elles ont évolué tout en conservant leur signification profonde.
Toutefois, avec l’essor de la mondialisation, les pressions des normes esthétiques mondiales et les changements de mode de vie, ces coiffures traditionnelles semblent parfois être en déclin dans certaines régions. La question se pose donc : les tresses africaines sont-elles en train de disparaître ou simplement de se réinventer ?
Les tresses, présentes depuis des millénaires, sont bien plus que des coiffures ; elles représentent un lien étroit avec l’histoire et les traditions des peuples africains. Les coiffures tressées étaient souvent utilisées pour symboliser des aspects importants de la vie, comme l’appartenance à une ethnie ou à une tribu, le statut social, et parfois même des étapes de la vie telles que le mariage ou l’âge adulte.
Dans de nombreuses sociétés africaines, ces coiffures ne se limitent pas à l’esthétique ; elles sont des vecteurs de transmission culturelle et d’unité communautaire, notamment parce que le tressage se faisait traditionnellement en groupe, ce qui favorisait le partage de savoirs et d’histoires entre générations.
L’influence de la mondialisation sur la mode et les normes de beauté a contribué à une transformation significative des pratiques esthétiques, y compris le tressage. Les standards de beauté européens et occidentaux, promouvant souvent les cheveux lisses, fins et longs, ont commencé à supplanter les modèles de beauté traditionnels africains dans de nombreuses régions. Le défrisage chimique, les perruques et les extensions ont pris le pas sur les coiffures tressées dans certaines couches de la société.
Dans les grandes villes africaines, où les jeunes sont particulièrement exposés aux réseaux sociaux et aux médias internationaux, les tresses peuvent parfois être perçues comme « moins modernes ». Beaucoup de femmes, sous l’influence de célébrités et de mannequins occidentaux, optent pour des styles capillaires qui s’éloignent des traditions locales. Cette tendance a renforcé l’idée que les cheveux naturels et les tresses seraient moins adaptés à certains environnements professionnels ou mondains.
L’évolution des modes de vie modernes a également contribué à ce changement. Le rythme de vie de plus en plus rapide dans les grandes villes, la recherche de gain de temps et la quête de solutions esthétiques pratiques ont poussé beaucoup de femmes à privilégier des coiffures plus rapides à mettre en place, comme les cheveux lisses ou les perruques.
Les tresses, bien que souvent considérées comme un travail d’artisanat exigeant du temps et des compétences, nécessitent en effet plusieurs heures, voire une journée entière, pour être réalisées. Cela peut constituer un frein dans des sociétés urbaines où les agendas sont surchargés.
Cependant, loin d’être sur le point de disparaître, les tresses africaines connaissent un véritable renouveau, porté par des mouvements de réappropriation culturelle et de célébration de la beauté naturelle, comme le mouvement nappy.
Ce mouvement, né dans les années 2000, encourage les femmes noires et afrodescendantes à accepter et valoriser la texture naturelle de leurs cheveux, en rejetant les produits chimiques de défrisage ou les perruques. Les tresses, les vanilles, les twists et autres styles naturels sont ainsi devenus des symboles d’affirmation de soi et de résistance aux standards de beauté imposés par l’Occident.
Des célébrités influentes à l’échelle internationale, comme Lupita Nyong’o, Solange Knowles, ou encore certaines icônes de la mode africaine, ont aussi contribué à ce mouvement en arborant fièrement des tresses ou des coiffures naturelles sur des scènes mondiales. Cette tendance a renforcé l’idée que les tresses africaines ne sont pas seulement un retour à la tradition, mais qu’elles peuvent également être des expressions contemporaines de modernité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amina Diatta
Mis en ligne : 03/11/2024
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