Lors de son passage à Saint-Louis, Ousmane Sonko, figure emblématique de l’opposition sénégalaise, a lancé une déclaration qui a suscité de vifs débats : « Ce n’est pas les marabouts, c’est Dieu… ». En prononçant ces mots, il semble vouloir se détacher des traditions politiques qui lient souvent les hommes politiques sénégalais aux marabouts, ces guides spirituels très influents dans le pays.
Cette affirmation met en lumière le rapport complexe entre politique et religion au Sénégal, un pays où la foi joue un rôle central dans la vie publique. Cette rédaction analysera les implications de cette déclaration, le message qu’Ousmane Sonko souhaite transmettre et les répercussions sur la scène politique sénégalaise.
La déclaration de Sonko peut être perçue comme une volonté de se positionner en dehors des alliances traditionnelles entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Au Sénégal, les confréries religieuses exercent une influence considérable sur la politique et la société. Les leaders politiques, pour consolider leur popularité, se rapprochent souvent des marabouts, dont le soutien peut être décisif pour rallier les populations. Sonko, en insistant sur l’idée que son parcours serait guidé uniquement par la volonté divine, cherche ainsi à apparaître comme un acteur indépendant, qui ne doit pas sa réussite aux faveurs des marabouts, mais à une bénédiction directe de Dieu.
Cette démarche est révélatrice de sa stratégie politique. En se distançant des influences religieuses traditionnelles, il tente de s’adresser à une population jeune et citadine, de plus en plus désillusionnée par les alliances traditionnelles entre politiciens et chefs religieux. Pour ces jeunes, souvent frustrés par le manque d’opportunités et l’instabilité socio-économique, Sonko incarne un espoir de changement. Sa déclaration à Saint-Louis vient renforcer cette image d’un homme politique nouveau, éloigné des schémas traditionnels et des compromis qui, pour certains, bloquent le développement du pays.
Mais les risques d’une telle posture existent. En adoptant cette position, Sonko risque de s’aliéner une partie des Sénégalais qui sont attachés aux valeurs religieuses et au rôle des marabouts dans la vie publique. Les confréries religieuses, telles que la Tidjaniya, la Mouridiya et la Qadiriyya, sont des institutions respectées qui ont largement contribué à l’histoire et à la stabilité sociale du Sénégal. De nombreux Sénégalais sont fidèles à ces confréries, et certains pourraient voir dans les propos de Sonko une critique implicite de ces autorités spirituelles. En d’autres termes, il court le risque de diviser l’opinion publique et de se mettre à dos un électorat fidèle aux marabouts et à leurs enseignements.
En affirmant que sa réussite est due à Dieu et non aux marabouts, Ousmane Sonko ne se contente pas de marquer son indépendance : il envoie aussi un message de renouveau à une population désireuse de voir émerger une nouvelle forme de gouvernance, plus autonome et plus tournée vers le peuple. Cette prise de position courageuse pourrait renforcer son soutien chez une partie des Sénégalais, en particulier les jeunes en quête de changement.
Cependant, elle pourrait aussi lui coûter le soutien d’une frange importante de la société, attachée aux traditions religieuses et à l’influence des marabouts. Le succès de Sonko dépendra donc de sa capacité à trouver un équilibre entre modernité et respect des traditions, tout en construisant une image d’homme politique indépendant.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : H.
Mis en ligne : 11/11/2024
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