En 2024, le monde est confronté à une dynamique géopolitique inédite où se conjuguent élections, conflits et rivalités économiques. La multipolarité s’accentue, remodelant l’ordre mondial en un ensemble d’alliances mouvantes et de tensions croissantes entre blocs régionaux. Ces évolutions renforcent le caractère imprévisible des relations internationales et marquent une transition vers des politiques de « dérisquage » qui cherchent à sécuriser les chaînes d’approvisionnement et à réduire les dépendances internationales.
Avec 76 pays organisant des élections cette année, 2024 est surnommée le « supercycle électoral ». Parmi les nations concernées, les États-Unis, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et plusieurs grandes économies émergentes représentent plus de la moitié de la population mondiale. Ce cycle électoral peut non seulement impacter les politiques internes, mais aussi influencer la scène internationale. En effet, des élections polarisantes alimentent souvent des discours protectionnistes et nationalistes, exacerbant les divisions politiques et retardant des politiques essentielles dans des domaines comme le climat et l’économie.
Les tensions entre les États-Unis et la Chine continuent de structurer l’agenda géopolitique mondial, poussant les pays à redéfinir leurs priorités. Face à un ralentissement économique, la Chine cherche à accroître ses exportations pour soutenir sa croissance, ce qui pourrait affecter la stabilité des prix et créer de la pression sur les marchés globaux. Par ailleurs, les États-Unis poursuivent leur stratégie de « dérisquage », visant à réduire la dépendance des chaînes d’approvisionnement américaines vis-à-vis de la Chine. Cette stratégie stimule un climat de protectionnisme, où chaque bloc régional cherche à sécuriser ses approvisionnements stratégiques.
Les États-Unis encouragent également leurs alliés à adopter des politiques similaires, ce qui incite d’autres régions à diversifier leurs relations commerciales et à investir dans la production locale. Cette dynamique pourrait conduire à un découplage progressif entre les économies de l’Ouest et de l’Est, réduisant les échanges mondiaux tout en augmentant les tensions commerciales.
La situation au Moyen-Orient reste critique, notamment avec la montée des tensions entre Israël et l’Iran. Ce conflit, amplifié par les intérêts géopolitiques des États-Unis et de leurs alliés dans la région, pourrait perturber les routes stratégiques de l’énergie et du commerce, telles que le détroit d’Ormuz et le canal de Suez. Ces perturbations pourraient provoquer une volatilité des prix des hydrocarbures et menacer la sécurité énergétique, un enjeu vital pour les économies mondiales dépendantes du pétrole.
Par ailleurs, la guerre en Ukraine continue de peser lourdement sur les marchés européens et mondiaux. Ce conflit a mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement énergétiques, incitant l’Europe à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz et en pétrole, tout en accélérant ses efforts de transition énergétique. Cependant, les progrès dans ce domaine demeurent limités en raison des fortes dépendances existantes et des contraintes d’infrastructure.
Alors que l’urgence climatique devient de plus en plus pressante, les politiques environnementales des grandes puissances divergent, chacune favorisant des approches répondant avant tout à ses propres besoins énergétiques et économiques. Les États-Unis, par exemple, promeuvent une transition énergétique fondée sur des incitations pour le développement des énergies renouvelables, tandis que la Chine continue d’exploiter massivement le charbon pour répondre à ses besoins énergétiques croissants.
De plus, les tensions autour des ressources essentielles, notamment les minerais critiques pour la transition énergétique, comme le lithium et le cobalt, s’intensifient. Cette compétition mondiale pour l’accès aux ressources naturelles pourrait aggraver les conflits régionaux et affecter les efforts mondiaux pour atténuer le changement climatique.
La géopolitique mondiale de 2024 est caractérisée par une fragmentation accrue, avec des blocs régionaux qui s’affirment et des stratégies nationales qui privilégient la sécurité économique. Le supercycle électoral, les conflits persistants et les politiques de protectionnisme montrent que le monde s’éloigne d’une mondialisation purement économique pour entrer dans une phase où les priorités stratégiques priment.
Les entreprises et les gouvernements devront s’adapter à ces nouvelles réalités en misant sur des chaînes d’approvisionnement résilientes et en intégrant des politiques d’adaptation climatique, tout en restant agiles face à une géopolitique en constante évolution.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adzofall
Mis en ligne : 11/12/2024
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