Le 7 janvier 2025, l’administration Biden a pris une position ferme face à l’escalade tragique de la guerre civile au Soudan, qualifiant les actes du groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) de génocide. Cette annonce survient après presque deux ans de conflits intenses entre la FSR et l’armée soudanaise, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent.
Le secrétaire d’État Antony Blinken a expliqué que, sur la base de rapports actualisés, les Forces de soutien rapide et leurs milices alliées ont commis des crimes horribles, notamment des massacres ethniques systématiques et des violences sexuelles ciblées.
« Les Forces de soutien rapide ont délibérément visé des civils, tuant des hommes, des garçons, et même des nourrissons, tout en ciblant spécifiquement les femmes et les filles pour des viols et d’autres formes de violence sexuelle brutale », a-t-il déclaré. Selon Blinken, les milices ont également massacré des civils fuyant le conflit et bloqué l’accès à des ressources essentielles pour la survie.
Bien que cette désignation de génocide n’implique pas d’action juridique immédiate, elle s’accompagne de sanctions sévères. Le département du Trésor a visé Mohammad Hamdan Daglo Mousa, le chef de la FSR, ainsi que plusieurs entreprises liées à cette milice opérant dans les Émirats arabes unis. Ces entreprises, dont l’une serait impliquée dans des activités d’or de contrebande, sont désormais sous le coup de sanctions financières.
Les Émirats arabes unis, alliés stratégiques des États-Unis, sont régulièrement accusés d’avoir soutenu militairement les forces soudanaises, bien que ces accusations aient été fermement démenties par les autorités émiraties. Le conflit entre les FSR et l’armée soudanaise a éclaté en avril 2023, déclenchant une violence aveugle qui a déjà fait plus de 28 000 morts. Des millions de personnes ont été déplacées et certains se battent contre la famine, tandis que des familles se nourrissent d’herbe dans un désespoir total.
Malgré ces atrocités, le rôle des Émirats arabes unis dans le conflit reste ambigu, et les responsables n’ont pas réagi à la déclaration de l’administration Biden. Les FSR, de leur côté, n’ont pas commenté les sanctions. Cependant, Blinken a souligné que l’objectif de cette décision n’était pas de soutenir une partie dans ce conflit interne, mais de faire en sorte que les responsables des crimes de guerre soient tenus de rendre des comptes.
Certains experts, comme John Prendergast, cofondateur de The Sentry, ont salué cette initiative comme un premier pas important vers l’établissement de la responsabilité, espérant que cela servira de levier pour dissuader de futures atrocités. « Les FSR sont responsables de certaines des atrocités les plus odieuses dans le monde aujourd’hui », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’une pression internationale accrue pour forcer le groupe à négocier un cessez-le-feu.
Le musée américain du mémorial de l’Holocauste a réagi à cette désignation en la qualifiant de « sombre reconnaissance » des souffrances endurées par des populations longtemps ignorées. Le monde entier se retrouve une fois de plus face à un conflit où des atrocités massives sont en cours, et les appels à l’action n’ont jamais été aussi pressants.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 08/01/2025
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