Après plus de deux ans de vacance présidentielle, le Liban, englué dans une profonde crise économique et financière, s’apprête à élire un nouveau chef d’État ce jeudi 9 janvier. Le Parlement se réunira à 11 h locales (9 h GMT) pour un scrutin décisif, où le général Joseph Aoun, commandant de l’armée libanaise, est considéré comme le favori.
Soutenu par des acteurs régionaux et internationaux de poids, dont les États-Unis et l’Arabie saoudite, Joseph Aoun semble avoir rassemblé autour de sa candidature un consensus rare dans un pays habitué aux blocages politiques.
Cette élection intervient alors que le Hezbollah, pilier traditionnel de la scène politique libanaise, sort affaibli de deux mois de conflit avec Israël. La guerre, marquée par des pertes militaires et humaines, ainsi que la défaite de son allié syrien Bachar al-Assad, a réduit l’influence de ce mouvement chiite soutenu par l’Iran.
L’armée libanaise, dirigée par Joseph Aoun, a joué un rôle clé dans la mise en œuvre du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre. Cette contribution déterminante a renforcé la stature du général Aoun sur la scène nationale et internationale.
Ces derniers jours, Beyrouth a été le théâtre d’intenses consultations politiques sous une pression internationale accrue. Les émissaires américain Amos Hochstein, saoudien Yazid ben Farhane, et français Jean-Yves Le Drian ont multiplié les rencontres avec les députés libanais pour plaider en faveur d’un consensus autour de Joseph Aoun.
Des responsables politiques ayant participé à ces discussions affirment que Washington et Riyad soutiennent ouvertement sa candidature. Jean-Yves Le Drian devrait d’ailleurs assister à la séance parlementaire à l’invitation du président du Parlement, Nabih Berri.
Pour que Joseph Aoun accède à la présidence, une révision constitutionnelle sera nécessaire. La Constitution libanaise interdit en effet l’élection de hauts fonctionnaires en fonction ou ayant exercé au cours des deux dernières années. Par ailleurs, en vertu du système confessionnel en vigueur, la présidence est réservée à un chrétien maronite.
Le retrait de Sleimane Frangié, candidat soutenu par le Hezbollah, en faveur de Joseph Aoun, marque un tournant dans les négociations politiques. Ce retrait illustre un repositionnement stratégique face à une dynamique régionale et internationale en pleine évolution.
Le Liban traverse une crise économique sans précédent, marquée par un effondrement de sa monnaie, une explosion de la pauvreté, et des infrastructures en ruine. Le futur président aura la lourde tâche de restaurer la confiance de la communauté internationale et de mettre en œuvre des réformes urgentes.
Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, s’est déclaré optimiste à la veille du vote. « Pour la première fois, depuis la vacance présidentielle, je ressens de la joie, car, si Dieu le veut, nous aurons (…) un nouveau président de la République », a-t-il affirmé.
En cas d’élection, Joseph Aoun devra constituer un gouvernement capable d’obtenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux. Les priorités incluront la reconstruction des zones dévastées par le conflit, la mise en œuvre de réformes économiques et institutionnelles, et la gestion des tensions géopolitiques dans une région instable.
Article écrit par : Daouda Coly
Mis en ligne : 09/01/2025
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