La récente décision du nouveau pouvoir syrien d’annuler le contrat d’exploitation commerciale du port de Tartous, accordé à une société russe depuis 2019, envoie un signal fort. Cette annulation, loin d’être un simple ajustement administratif, reflète une volonté claire de Damas de redéfinir ses priorités stratégiques et économiques.
Pour beaucoup d’entre nous qui suivons les évolutions politiques en Syrie, cela marque une prise de distance significative vis-à-vis de la Russie, un allié pourtant incontournable durant la guerre civile.
Cette décision semble avant tout dictée par des besoins économiques pressants. Depuis des années, l’État syrien peine à assurer les salaires de ses fonctionnaires et à financer ses projets de reconstruction. Avec l’annulation de ce contrat, Damas récupère une part non négligeable des revenus générés par le port de Tartous. Si on y réfléchit bien, c’est un choix logique : pourquoi laisser une entreprise étrangère profiter de ressources vitales alors que le pays est exsangue ? Cela montre que le nouveau pouvoir cherche à répondre aux besoins immédiats de la population, quitte à froisser ses partenaires historiques.
Mais ce n’est pas qu’une affaire de revenus. Cette décision traduit aussi une volonté politique forte : celle de s’affranchir des ingérences extérieures. Depuis des années, les Syriens subissent les conséquences de la présence russe et iranienne sur leur territoire. En reprenant la gestion du port de Tartous, le gouvernement envoie un message clair : il est temps pour la Syrie de regagner un semblant d’indépendance. On le voit aussi dans les récents discours officiels, où il est question d’attirer des investissements étrangers. Ce repositionnement stratégique montre que Damas veut diversifier ses partenariats et ne plus se cantonner à l’axe Moscou-Téhéran.
Cela dit, tout n’est pas si simple. La Russie conserve encore une présence militaire importante en Syrie, notamment à Tartous, où elle dispose d’une base stratégique pour sa flotte en Méditerranée. Et même si cette concession commerciale a été annulée, il est peu probable que Moscou accepte de renoncer à son influence militaire sans négocier. Les discussions en cours sur l’avenir des bases russes en Syrie montrent bien à quel point la situation est fragile. La Russie sait qu’elle risque de perdre gros, mais elle a encore des cartes à jouer, notamment en proposant des compensations financières ou logistiques à Damas.
En fin de compte, cette décision met en lumière les défis complexes auxquels la Syrie est confrontée. Entre la nécessité de retrouver une souveraineté nationale, les pressions économiques et les calculs géopolitiques, le nouveau pouvoir syrien avance sur un fil. En tant qu’observateur, on ne peut qu’espérer que ces choix stratégiques permettront enfin aux Syriens de reprendre le contrôle de leur destin, après des années de souffrances et de dépendances multiples. Mais il reste à voir si ce pari audacieux sera payant ou s’il risque de provoquer de nouvelles tensions avec un allié devenu encombrant.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahim.
Mis en ligne : 28/01/2025
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