Après plusieurs jours de silence, le président congolais Félix Tshisekedi a enfin pris la parole sur la situation critique à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une allocution télévisée, il a dénoncé une « aggravation sans précédent » des violences et promis une « riposte vigoureuse et coordonnée » contre les rebelles du M23 et leurs soutiens.
Une déclaration qui intervient alors que les troupes du M23, soutenues par le Rwanda selon Kinshasa, poursuivent leur progression vers Bukavu, après avoir consolidé leurs positions autour de Goma.
Si cette sortie vise à rassurer la population, elle suscite aussi des critiques. Le site Afrikarabia estime que Tshisekedi tente de rassembler l’opinion autour d’un discours patriotique : « Unissons nos efforts (…) Mobilisons-nous (…) Nous gagnerons cette guerre par notre unité », a-t-il martelé. Mais cette stratégie arrive-t-elle trop tard ?
WakatSéra, au Burkina Faso, juge la prise de parole du président congolais « incompréhensible et inquiétante », soulignant que « la torpeur de la communauté internationale » n’a été dénoncée qu’après l’avancée du M23. Même scepticisme du côté de Ledjely, en Guinée, qui critique l’appel tardif à une réduction du train de vie des institutions pour financer l’effort de guerre. « Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? », s’interroge le site, rappelant que plus de 67 % du budget national est absorbé par les dépenses administratives, au détriment des besoins de la population et de l’armée.
Dans ce contexte, le rôle du Rwanda suscite une attention croissante. L’Observateur Paalga estime que Kigali ne cache plus ses ambitions régionales. Le quotidien burkinabè cite les déclarations de Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda, qui a affirmé que la progression du M23 « continuerait vers le Sud-Kivu ». Une déclaration perçue comme une confirmation de l’implication directe de Kigali dans le conflit.
Le journal rappelle que le Rwanda avait déjà joué un rôle décisif en soutenant la rébellion de Laurent-Désiré Kabila contre Mobutu en 1997. « Kagame ambitionne-t-il un scénario similaire, avec le M23 comme nouvel instrument de pression ? », s’interroge le quotidien.
Pendant ce temps, Jeune Afrique révèle que plusieurs mercenaires étrangers, engagés auprès des Forces armées congolaises, ont été exfiltrés. Des combattants roumains de la société Congo Protection, initialement chargés de missions d’appui et de formation, auraient négocié leur reddition et leur évacuation vers la Roumanie via Kigali, après l’avancée du M23 à Goma. Le sort des mercenaires français d’Agemira, également présents sur le terrain, reste inconnu.
Alors que l’armée congolaise peine à contenir l’offensive, l’avenir de l’est de la RDC demeure incertain. Une chose est sûre : la crise ne cesse de prendre de l’ampleur, avec des implications régionales et internationales de plus en plus lourdes.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 30/01/2025
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