Après une semaine diplomatique particulièrement houleuse, marquée par une conférence de Munich agitée, les dirigeants européens cherchent à définir une stratégie commune face à l’évolution de la politique étrangère des États-Unis. C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron a convoqué, ce lundi à Paris, une conférence sur la sécurité européenne.
À cette réunion sont attendus les dirigeants des principaux États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, ainsi que le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte. Objectif : renforcer la position du continent et peser davantage dans les négociations sur l’Ukraine, alors que l’Europe semble être progressivement mise à l’écart.
À Madrid, El Pais met en garde contre une crise stratégique sans précédent pour l’Europe. « Le changement de posture des États-Unis, passés de partenaire fiable à acteur imprévisible, fragilise le Vieux Continent », analyse le quotidien espagnol. Les récentes discussions entre Donald Trump et Vladimir Poutine, menées sans consultation des Européens ni de Kiev, inquiètent particulièrement. « Légitimer l’expansionnisme russe et bafouer le droit international est un tournant majeur qui appelle une réponse ferme et unie », insiste El Pais.
Même ton alarmiste à Bruxelles, où Le Soir s’interroge : « Peut-on encore parler d’alliance transatlantique lorsque Washington remet en cause unilatéralement ses engagements au sein de l’OTAN ? » Le journal belge évoque également les conséquences économiques et géopolitiques d’une telle reconfiguration, alors que la guerre en Ukraine menace la stabilité du continent.
En Italie, Le Corriere della Sera décrypte la stratégie de Donald Trump : « En quelques semaines, il a fait voler en éclats le fragile équilibre transatlantique. Exclure l’Europe des discussions sur l’Ukraine est une insulte à l’OTAN. Récompenser l’agression russe, c’est consacrer Moscou comme puissance dominante sur le continent. »
De son côté, Le Temps à Genève détaille les trois signaux envoyés par Washington en une semaine : d’abord, la menace d’un abandon de l’Ukraine si Kiev ne cède pas des territoires et des ressources ; ensuite, la décision de négocier directement avec la Russie ; enfin, un soutien affiché à l’extrême droite en Allemagne. Autant de décisions qui, selon le quotidien suisse, placent l’Europe dans une position de faiblesse.
Face à cette reconfiguration géopolitique, l’Union européenne tente de réagir. Pour Le Temps, le sommet convoqué par Emmanuel Macron à Paris vise à « garantir une unité européenne face aux nouveaux défis ». Mais l’Europe aura-t-elle les moyens de peser face à une administration américaine qui semble jouer la carte de l’improvisation ?
Aux États-Unis, The Washington Post ne cache pas son scepticisme. Le quotidien pointe « l’anarchie et les contradictions » de la diplomatie américaine, alternant menaces, concessions et revirements. Un flou qui, selon le journal, pourrait profiter à Moscou et affaiblir encore davantage la position ukrainienne.
Alors que le secrétaire d’État Marco Rubio doit rencontrer Sergueï Lavrov cette semaine en Arabie saoudite, un détail inquiète particulièrement les observateurs : aucun représentant ukrainien de haut rang n’est prévu à la table des discussions. « Un très mauvais signe », conclut The Washington Post.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 17/02/2025
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