Sous la direction de Tidiane Ndiaye, Air Sénégal amorce une restructuration ambitieuse, visant à rétablir une situation financière saine et une organisation plus équitable. Ce tournant, tant attendu, répond à des enjeux internes majeurs, à commencer par la question de l’harmonisation salariale qui déchire depuis longtemps la compagnie.
Un Conseil interministériel, attendu avec impatience, pourrait bientôt se pencher sur l’avenir de la compagnie nationale, mais en attendant, un pré-conseil a permis de poser les bases d’une réforme. Tidiane Ndiaye, à la tête de la direction générale, a pris des mesures fortes, ouvrant la voie à un rééquilibrage nécessaire dans les structures de la compagnie.
L’un des points les plus marquants de cette réorganisation concerne enfin les revendications des pilotes sénégalais. Jusqu’à présent, un fossé salarial immense séparait les rémunérations des pilotes nationaux de celles de leurs homologues expatriés, parfois jusqu’à deux fois plus.
Avec l’alignement des salaires entre ces deux groupes, l’objectif est de corriger cette inégalité de traitement. « Comment expliquer qu’un pilote sénégalais effectuant le même vol que son collègue expatrié n’ait pas droit à la même rémunération ? », s’interrogeait un commandant de bord, en dénonçant ce sentiment de discrimination qui perdurait au sein de la compagnie.
La différence n’était pas seulement financière. Tandis que les pilotes étrangers bénéficiaient d’avantages comme un logement pris en charge et des périodes de repos bien plus longues, les pilotes nationaux, eux, étaient limités à un nombre restreint de jours de congé. Ce contraste alimentait le mécontentement général, poussant finalement la direction à réagir. Désormais, les salaires des pilotes étrangers seront harmonisés avec ceux des nationaux, une avancée importante pour l’équité au sein de l’entreprise.
Mais ce n’est pas tout. Dans le cadre de cette nouvelle dynamique, plusieurs pilotes sénégalais ont vu leur statut évoluer. Neuf d’entre eux, dont cinq commandants de bord, ont été promus sur l’Airbus A330, jusque-là principalement réservé aux expatriés. Pour la première fois, deux commandants de bord sénégalais ont également été formés et certifiés instructeurs sur cet appareil, un moment historique pour l’aviation sénégalaise.
Dans le même temps, la restructuration ne se limite pas aux ajustements internes, mais touche également l’organisation de la compagnie elle-même. En raison de la taille modeste de sa flotte, composée de seulement quatre avions pour 610 employés, un déséquilibre flagrant réclamait une révision urgente.
La compagnie entend désormais se rapprocher des standards internationaux, notamment en matière de ratio entre le nombre d’appareils et le personnel. C’est dans ce contexte qu’une rationalisation des effectifs a été décidée, avec la non-reconduction des CDD et des contrats de prestation arrivant à terme, mais sans licenciements d’agents permanents.
Ce redressement nécessaire se fait dans un souci de prudence, avec un bilan de compétences visant à assurer la compatibilité entre les profils des employés et les fonctions occupées. Bien que cette restructuration ne soit pas sans conséquences pour certains salariés, elle apparaît comme une étape incontournable pour permettre à Air Sénégal de sortir de la crise et de se positionner sur un marché aérien de plus en plus concurrentiel.
Ainsi, sous la houlette de Tidiane Ndiaye, la compagnie se réinvente, prête à affronter de nouveaux défis et à redéfinir son avenir dans un ciel semé d’embûches.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 17/02/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.