La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a déposé une plainte contre Apple en France, l’accusant de « violation de l’intimité de la vie privée » et de « traitement illicite des données personnelles » à travers des enregistrements non consentis effectués par son assistant vocal, Siri. Cette plainte, déposée le 14 février 2025, survient après une enquête menée par Le Monde et Radio France, qui ont révélé l’existence de ces pratiques.
Selon Nathalie Tehio, présidente de la LDH, deux infractions majeures sont mises en cause. D’une part, des enregistrements effectués sans le consentement des utilisateurs, souvent à leur insu. D’autre part, le non-respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD). « À chaque demande faite à Siri, l’enregistrement se fait systématiquement sans que l’utilisateur en soit informé. Et ces enregistrements sont ensuite vérifiés par des personnes », a expliqué Tehio à l’AFP.
La plainte, qui couvre des accusations de violation de la vie privée, de traitement illicite des données et de pratique commerciale trompeuse, repose également sur les témoignages de Thomas Le Bonniec, un ancien salarié d’un sous-traitant d’Apple. Ce dernier a déclaré avoir été chargé de « vérifier les transcriptions » et a fourni des preuves sous forme de captures d’écran montrant des conversations privées enregistrées sans le consentement des utilisateurs. « Ce qui est encore plus choquant, c’est que l’enregistrement se déclenche même lorsque vous n’utilisez pas votre assistant vocal », a ajouté Nathalie Tehio.
Le Bonniec, qui se présente comme un lanceur d’alerte, a précisé que chaque jour il traitait environ 1 300 enregistrements comportant des données sensibles. Selon les informations de Le Monde et de Radio France, ces enregistrements incluent des conversations privées, parfois à l’insu des utilisateurs.
Contacté par l’AFP, Apple n’a pas souhaité réagir immédiatement à la plainte. Toutefois, dans un communiqué daté du 8 janvier, la société américaine assurait que Siri avait été « conçu pour protéger la vie privée des utilisateurs » et se qualifiait de « l’assistant numérique le plus privé qui soit ». Apple soulignait également que pour les fonctionnalités nécessitant un traitement en temps réel, les données étaient anonymisées et non liées à l’identité des utilisateurs.
L’enquête lancée par la LDH vise à établir l’ampleur de ces enregistrements et à déterminer si Apple a enfreint la législation sur la protection des données personnelles en France.
Article écrit par : Badara Tall.
Mis en ligne : 18/02/2025
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