L’industrialisation en Afrique est un défi majeur mais aussi une opportunité inédite. La valeur ajoutée manufacturière peine à décoller, représentant seulement 11,5 % du PIB, tandis que l’industrie ne génère que 13 % de l’emploi total. Pourtant, la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 a remis au centre des préoccupations l’importance d’une industrie locale robuste et diversifiée. Dans ce contexte, le numérique apparaît comme un levier incontournable pour accélérer cette transformation industrielle.
En facilitant l’implantation d’infrastructures vitales et en dynamisant l’entrepreneuriat, le digital peut jouer un rôle structurant. Il est impératif que l’Afrique saisisse cette opportunité et adopte des systèmes de production intelligents, interconnectés et durables.
L’essor industriel africain varie selon les régions. L’Afrique du Nord, avec des pays comme l’Égypte et le Maroc, affiche des avancées significatives, alors que la région subsaharienne peine à suivre le rythme. Chaque pays doit définir son propre modèle de développement, en capitalisant sur ses atouts et en s’intégrant aux chaînes de valeur mondiales. L’industrie et l’agriculture doivent évoluer en synergie, car la souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique pour le continent. L’AgriTech, par exemple, peut révolutionner l’agriculture et rendre les exploitations plus résilientes face au changement climatique. Des initiatives innovantes, comme l’utilisation de drones pour la détection précoce des maladies agricoles, illustrent déjà le potentiel de cette convergence entre industrie et agriculture.
Toutefois, un obstacle majeur freine l’industrialisation : l’accès à l’énergie. L’Afrique affiche un coût de l’électricité bien supérieur à la moyenne mondiale, rendant difficile le développement d’infrastructures industrielles compétitives. Pourtant, le continent dispose d’un atout considérable : son potentiel solaire inexploré. Avec une exposition moyenne de 3 000 heures de soleil par an et 60 % des sites mondiaux les plus favorables à l’énergie solaire, l’Afrique pourrait exploiter des solutions comme les smart grids et les systèmes photovoltaïques avancés. L’émergence d’initiatives basées sur l’intelligence artificielle et l’Internet des Objets pourrait être déterminante pour optimiser l’approvisionnement énergétique et soutenir une industrialisation durable.
Un autre facteur clé pour réussir cette transformation réside dans l’investissement dans le capital humain. L’éducation et la formation aux technologies numériques sont essentielles pour bâtir une industrie compétitive et tournée vers l’avenir. La montée en puissance des start-ups africaines démontre la capacité du continent à innover, mais encore faut-il que ces entreprises puissent s’appuyer sur un vivier de talents formés aux nouvelles technologies. L’industrie 4.0, caractérisée par l’automatisation et l’intelligence artificielle, doit être anticipée dès aujourd’hui pour garantir une insertion réussie de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale.
L’industrialisation de l’Afrique ne peut plus attendre. Le numérique, l’énergie renouvelable et l’éducation sont les piliers sur lesquels doit s’appuyer cette révolution industrielle. Si les gouvernements, les entreprises et les institutions internationales conjuguent leurs efforts, le continent peut non seulement combler son retard, mais aussi devenir un acteur majeur de l’économie mondiale. Il est temps d’agir pour une industrie africaine forte, durable et inclusive.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Yves Sagna.
Mis en ligne : 08/03/2025
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