La « Une » des journaux africains du mercredi 12 mars 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 12/03/2025 09:03:20

La « Une » des journaux africains du mercredi 12 mars 2025

Le président congolais, Félix Tshisekedi, s’est jusqu’ici fermement opposé à toute discussion avec les rebelles du M23, qui contrôlent aujourd’hui une vaste portion du Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Mais cette posture pourrait bientôt évoluer…

En effet, selon le site congolais Actualité CD, « Félix Tshisekedi s’est entretenu hier à Luanda avec son homologue angolais, João Lourenço, désigné comme médiateur dans ce conflit. (…) D’après la présidence angolaise, Luanda pourrait bientôt engager des discussions avec le M23 afin de faciliter des négociations directes entre les deux camps. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre des efforts de médiation angolaise, après plusieurs tentatives infructueuses de désescalade. »

Un responsable angolais impliqué dans ces pourparlers a confirmé à Actualité CD que Luanda « multipliait les efforts pour rapprocher les positions » et favoriser un dialogue direct entre Kinshasa et le M23 « dans les jours à venir ».

Toutefois, cette démarche ne fait pas l’unanimité. Comme le souligne le site congolais Objectif Infos, « cette position ne semble guère convaincre une grande partie de l’opinion congolaise, qui perçoit toute négociation avec le M23 comme une insulte à la mémoire des milliers de victimes des exactions perpétrées par ce groupe armé. »

Le site Afrikarabia, spécialisé sur l’actualité congolaise, analyse cette évolution comme une conséquence des revers militaires subis par Kinshasa : « Acculé par trois années de défaites successives, Félix Tshisekedi pourrait être contraint de franchir la ligne rouge qu’il s’était lui-même fixée : négocier directement avec le M23. »

La question essentielle reste de savoir sur quoi porterait un éventuel accord. « Kinshasa a toujours exclu l’idée de réintégrer les rebelles au sein de l’armée régulière, une pratique de “brassage” qui a largement contribué à la fragilisation des FARDC, aggravée par la corruption et une chaîne de commandement dysfonctionnelle », rappelle Afrikarabia.

Un autre point d’interrogation concerne le rôle de Corneille Nangaa, chef de l’AFC, la branche politique du M23. « Compte tenu de ses revendications sur l’illégitimité du président congolais et la mauvaise gouvernance, va-t-il exiger une transition sans Tshisekedi ? Quelles seront les attentes du M23, côté militaire ? Et surtout, que peut espérer Kinshasa face à des rebelles qui contrôlent une large partie de l’est congolais, où ils prélèvent leurs propres taxes et exploitent des ressources minières stratégiques ? »

Mais avant d’en arriver là, précise Afrikarabia, l’Angola doit d’abord établir un contact avec le M23 et s’accorder sur un modus operandi avec Kinshasa. Un processus qui est encore loin d’être finalisé.

« Tshisekedi ira-t-il jusqu’à s’asseoir à la même table que ses ennemis ? », s’interroge le site burkinabé WakatSéra. « Il est encore trop tôt pour le dire, mais la République démocratique du Congo pourrait être à l’aube d’un tournant décisif. »

D’après WakatSéra, plusieurs signaux suggèrent une évolution de la stratégie présidentielle. « Après avoir récemment élargi plusieurs figures de l’opposition et annoncé la formation d’un gouvernement d’ouverture, Félix Tshisekedi pourrait être tenté par une approche plus pragmatique. »

Sur le plan militaire, la situation devient critique. Le président congolais doit composer avec la défection récente d’un chef des milices Wazalendos, pourtant alliées aux FARDC. « Si les Wazalendos venaient à rejoindre l’ennemi, alors Félix Tshisekedi serait probablement contraint à la capitulation, faute de combattants », avertit WakatSéra.

D’un point de vue politique, la menace d’un retour progressif de Joseph Kabila pèse également sur son mandat. « L’ancien président, qui l’a porté au pouvoir en 2019, n’hésite plus à le critiquer ouvertement, l’accusant d’être responsable des maux actuels du pays », souligne le site burkinabé.

Face à ces défis, WakatSéra conclut : « Pour l’homme fort de Kinshasa, il semble plus sage de gagner du temps en ouvrant des négociations, tout en espérant, pourquoi pas, inverser le rapport de force en sa faveur. »

Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 12/03/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top