Le Sénégal franchit un pas décisif vers son indépendance énergétique en raffinant désormais son propre pétrole grâce à la Société africaine de raffinage (SAR). Le pays a récemment annoncé la réussite du raffinage de son premier pétrole brut, extrait du champ offshore de Sangomar, marquant ainsi un tournant majeur dans sa stratégie énergétique. Cette avancée est perçue comme un levier essentiel pour réduire la dépendance aux importations de produits pétroliers et pour contribuer à la souveraineté énergétique du Sénégal.
La SAR, fondée en 1961, avait jusqu’alors uniquement raffiné du pétrole importé. À partir du 15 février 2025, la société a transformé 650 000 barils de brut local en divers produits pétroliers, dont du gasoil, de l’essence et du kérosène. Cette opération, bien qu’innovante, s’inscrit dans un contexte où le Sénégal cherche à stimuler sa croissance économique en exploitant les ressources énergétiques nationales, tout en assurant la réduction du coût de l’électricité, notamment pour les ménages et l’industrie.
Cependant, cette initiative soulève des interrogations sur sa faisabilité à long terme. Si le raffinage local permet de capter des bénéfices autrement envoyés à l’étranger, le pays devra surmonter plusieurs défis, notamment techniques, financiers et environnementaux. La SAR devra moderniser ses installations et adapter ses processus pour traiter efficacement le pétrole brut sénégalais, tout en répondant à une demande interne croissante. Les investissements nécessaires à cette transformation risquent également d’être un fardeau, à moins d’un soutien financier public et privé.
Les défis environnementaux, notamment la gestion des émissions de gaz à effet de serre, constituent également un obstacle majeur. Le raffinage du pétrole génère des polluants et des déchets qui, sans régulations strictes, peuvent compromettre l’engagement du Sénégal en matière de transition énergétique. Par ailleurs, la dépendance continue aux énergies fossiles pourrait nuire à l’ambition du pays de privilégier les énergies renouvelables, sources d’énergie plus durables à long terme.
Malgré ces défis, les retombées économiques attendues sont significatives. Le raffinage du pétrole localement pourrait non seulement réduire le coût de l’énergie, mais également générer des revenus substantiels pour le pays. Les créations d’emplois dans le secteur pétrolier, la réduction des importations et la possibilité d’exporter des produits raffinés contribuent à l’ambition du Sénégal de devenir un hub pétrolier en Afrique de l’Ouest. Toutefois, pour garantir un succès durable, le pays devra équilibrer son développement industriel avec une transition énergétique ambitieuse, axée sur l’exploitation des énergies renouvelables.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Sané.
Mis en ligne : 14/03/2025
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