Le sommet entre l’Union européenne et l’Afrique du Sud, tenu au Cap le 13 mars 2025, s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient et la montée des rivalités entre grandes puissances. Pour Pretoria, cette rencontre représente une opportunité de renforcer ses relations avec l’UE et de combler le vide laissé par la rupture progressive avec Washington.
Quant aux Européens, affaiblis économiquement par les sanctions contre Moscou et la fermeture des ports russes, ils y voient une occasion de diversifier leurs partenariats. Mais au-delà des intérêts immédiats, ce rapprochement repose-t-il sur une vision commune à long terme ou n’est-il qu’une alliance dictée par les circonstances ?
L’Afrique du Sud joue ici une carte stratégique. Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les relations avec les États-Unis se sont dégradées, notamment après les accusations de discrimination foncière portées par Washington contre Pretoria. La suspension des aides américaines a contraint Cyril Ramaphosa à réajuster ses alliances. En se tournant vers l’UE, il cherche non seulement à compenser cette perte, mais aussi à s’affirmer comme un acteur incontournable dans le jeu diplomatique mondial. Cependant, cette coopération avec l’Europe, bien que séduisante sur le papier, pourrait rapidement montrer ses limites si Pretoria n’impose pas ses propres conditions.
Bruxelles, de son côté, n’agit pas par pure bienveillance. La dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie a révélé la vulnérabilité du continent face aux fluctuations géopolitiques. L’UE, sous pression, tente donc de sécuriser de nouveaux approvisionnements et de renforcer ses investissements en Afrique. L’Afrique du Sud, en tant que partenaire historique, apparaît comme une alternative crédible, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et des infrastructures. Mais cette approche purement pragmatique ne garantit pas pour autant un partenariat équitable, car l’Europe a souvent eu tendance à imposer ses conditions dans ses relations avec le continent africain.
Ce rapprochement ne peut donc fonctionner que si Pretoria et Bruxelles adoptent une vision commune et durable. L’Afrique du Sud doit veiller à ne pas devenir un simple levier économique au service des intérêts européens, tandis que l’UE doit s’engager dans un partenariat véritablement équilibré, en prenant en compte les priorités et les besoins réels de son allié. Si ces conditions ne sont pas réunies, cette alliance risque de n’être qu’un mariage de raison, voué à s’effriter dès que les conjonctures internationales évolueront.
Dans ce contexte de recomposition des alliances mondiales, l’Afrique du Sud a une carte à jouer. Mais pour que cette coopération avec l’UE soit un véritable levier de développement et non un simple pansement diplomatique, Pretoria devra affirmer son autonomie et ne pas se laisser enfermer dans une relation déséquilibrée. C’est à ce prix que cette alliance pourra réellement résister au temps et ne pas être perçue comme une simple opportunité conjoncturelle.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ouedraogo.
Mis en ligne : 16/03/2025
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