L’élargissement de l’accord aérien entre le Canada et le Sénégal marque une avancée significative dans les relations entre les deux pays. En permettant un accès plus direct et flexible au transport aérien, cet accord promet de stimuler les échanges commerciaux, d’encourager le tourisme et de renforcer les liens humains.
Pourtant, au-delà de l’enthousiasme officiel, une question se pose : cet accord profitera-t-il réellement aux Sénégalais ou risque-t-il de renforcer un déséquilibre dans les relations économiques entre les deux nations ?
L’ouverture du ciel entre le Sénégal et le Canada apporte indéniablement des opportunités. Avec jusqu’à 14 vols passagers et 10 vols cargo par semaine, les compagnies aériennes peuvent développer leur présence et offrir des alternatives aux voyageurs. Pour les Sénégalais, cela signifie potentiellement des billets plus accessibles, moins d’escales, et un accès facilité à un pays prisé pour l’éducation et les affaires. Toutefois, cette connectivité accrue ne garantit pas à elle seule une démocratisation du transport aérien, surtout si les coûts restent prohibitifs pour la majorité de la population.
Sur le plan commercial, l’accord est présenté comme une opportunité pour les entreprises sénégalaises. Mais en observant les chiffres du commerce bilatéral – 112,3 millions de dollars d’exportations canadiennes contre seulement 7,1 millions d’importations sénégalaises en 2023 – on constate un déséquilibre frappant. Si le Sénégal veut tirer pleinement parti de cette ouverture, il devra investir davantage dans ses infrastructures aéroportuaires, encourager les exportations et s’assurer que les PME locales puissent bénéficier de cette nouvelle dynamique, sans se faire écraser par des entreprises canadiennes mieux armées.
Par ailleurs, cet accord s’inscrit dans la politique « Ciel bleu » du Canada, qui vise à multiplier les partenariats aériens internationaux. Un choix stratégique pour Ottawa, qui cherche à renforcer son influence sur le continent africain. Mais pour Dakar, l’enjeu est tout autre : il ne s’agit pas seulement de signer des accords, mais de garantir que ces partenariats apportent une véritable valeur ajoutée à l’économie nationale, sans reproduire un modèle où l’Afrique reste un marché passif de consommation.
L’ouverture du ciel entre le Canada et le Sénégal est une opportunité, à condition qu’elle soit accompagnée d’une stratégie nationale forte. Il ne suffit pas de célébrer l’arrivée de nouveaux vols ; il faut veiller à ce que cet accord bénéficie réellement aux acteurs sénégalais. Sans une politique claire pour soutenir les entreprises locales et faciliter l’accès des citoyens à ces nouvelles routes aériennes, cet élargissement pourrait bien profiter davantage au Canada qu’au Sénégal.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Massar Fall.
Mis en ligne : 16/03/2025
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