L’industrie de la noix de cajou au Sénégal se trouve à un tournant décisif, un moment où ses perspectives de croissance doivent absolument être saisies. Le pays possède un potentiel incroyable, avec des productions annuelles variant entre 100 000 et 150 000 tonnes.
Cependant, bien que la filière soit prometteuse en termes de développement économique, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté, plusieurs défis subsistent qui nécessitent une réforme profonde pour transformer cette industrie en un véritable moteur économique.
L’un des obstacles majeurs qui freinent l’expansion du secteur est le manque d’infrastructures adéquates. Actuellement, la chaîne logistique est insuffisante, notamment entre Ziguinchor, cœur de la production, et Dakar, le principal port d’exportation. La situation devient encore plus problématique avec un système de transport limité, ce qui entraîne des coûts supplémentaires et des retards. Comparée aux pays comme la Côte d’Ivoire, qui a investi massivement dans ses infrastructures, la position du Sénégal reste fragile et peu compétitive sur le marché mondial de la noix de cajou.
L’industrie locale souffre également de la domination des acteurs étrangers, souvent mieux équipés financièrement. Les producteurs locaux, qui soutiennent une grande partie des coûts de production, ne bénéficient que d’une fraction des revenus générés par l’exportation des noix de cajou. Cette situation crée une inégalité flagrante entre les producteurs et les autres acteurs de la chaîne, comme les exportateurs et les transformateurs. De plus, les coûts de financement, élevés dans le pays, ne facilitent pas l’investissement, rendant difficile l’entrée et la pérennité des petits producteurs locaux.
Pour libérer véritablement le potentiel de cette filière, il est impératif d’augmenter la capacité de transformation locale. Actuellement, seulement 3 % de la production de noix de cajou est transformée au Sénégal, tandis que la majorité est exportée brute. Cette faible valorisation locale prive le pays de bénéfices importants et d’opportunités de création d’emplois. Des investissements dans des infrastructures de transformation et des technologies adaptées sont essentiels pour maximiser la valeur ajoutée de la filière. L’exemple du Vietnam, où plus de 90 % de la production est transformé localement, montre le chemin à suivre.
L’État doit jouer un rôle central en soutenant ce secteur stratégique. Des politiques de soutien à la transformation locale, comme des incitations fiscales et des investissements en recherche et développement, pourraient faire toute la différence. De plus, la mise en place d’un mécanisme de financement dédié et la création d’un cadre réglementaire favorable à l’investissement local et étranger pourraient libérer le potentiel de l’industrie et garantir une répartition plus équitable des revenus. Le Sénégal est une opportunité unique de transformer la noix de cajou en un secteur florissant, en se basant sur les réussites de pays producteurs comme la Côte d’Ivoire et l’Inde. Il est grand temps de réagir pour faire de ce secteur une véritable success story.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : I. Gassama.
Mis en ligne : 19/03/2025
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