L’intelligence artificielle (IA) s’impose aujourd’hui comme un levier essentiel du développement technologique et économique. Plus qu’un simple outil d’automatisation, elle redéfinit en profondeur la manière dont nous produisons, diffusons et consommons l’information. Son influence sur la formation de l’opinion publique est indéniable, notamment à travers les algorithmes qui orientent les débats et façonnent les perceptions. Cette avancée rapide pose donc la question cruciale de sa gouvernance, notamment en Afrique où les enjeux liés à la souveraineté numérique sont particulièrement sensibles.
Dans ce contexte, plusieurs pays africains, dont le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, ont exprimé leurs préoccupations et formulé des recommandations sur la régulation de l’IA dans le cadre des consultations du Forum Information et Démocratie. En partenariat avec l’organisation sénégalaise Jonction, des experts ont contribué à l’élaboration de propositions visant à assurer une gouvernance inclusive et responsable de cette technologie. Ces efforts traduisent une volonté d’adapter les cadres législatifs aux défis que pose l’IA, tout en garantissant une utilisation éthique et équitable.
L’intégration de l’IA dans le projet de modernisation du Sénégal, notamment à travers le New Deal technologique, illustre l’importance accordée par les pouvoirs publics à cette révolution numérique. L’État mise sur cette technologie pour dynamiser des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, l’administration publique et l’économie. Toutefois, cette ambition ne doit pas occulter les risques inhérents à une adoption mal encadrée, notamment en matière de protection des données personnelles, de transparence des algorithmes et de souveraineté numérique. La question de la régulation devient ainsi incontournable pour garantir une transition technologique maîtrisée et respectueuse des droits fondamentaux.
L’un des défis majeurs réside dans l’influence croissante des grandes entreprises technologiques, qui, par leur contrôle des données et des algorithmes, façonnent l’espace public sans véritable contre-pouvoir. L’exemple du scandale Cambridge Analytica a démontré les dérives potentielles de l’IA, notamment en matière de manipulation de l’opinion et d’exploitation abusive des données personnelles. Pour éviter de telles dérives, il est impératif que les États africains prennent en main la régulation de ces technologies et développent une expertise locale capable de peser dans les décisions internationales. Une véritable souveraineté numérique passe par la formation des citoyens, des développeurs et des décideurs afin d’instaurer une culture de l’IA éthique et responsable.
Enfin, la mise en place d’une autorité de régulation dédiée à l’IA apparaît comme une nécessité. Cette instance aurait pour mission de superviser l’application des normes, d’assurer une transparence totale des systèmes d’IA et de garantir un cadre de responsabilité clair pour tous les acteurs impliqués. De même, il est crucial d’offrir aux citoyens des voies de recours en cas d’atteinte à leurs droits numériques, notamment à travers des audits indépendants et des mécanismes de contrôle public. L’IA représente une formidable opportunité pour le Sénégal et l’Afrique, mais elle ne pourra être bénéfique que si elle est encadrée par des règles solides et adaptées aux réalités locales. La régulation ne doit pas être perçue comme une entrave à l’innovation, mais comme une condition indispensable pour en faire un levier de développement durable et équitable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Sy Assane.
Mis en ligne : 22/03/2025
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