Le débat autour de la souveraineté monétaire en Afrique, en particulier dans la zone CEMAC, reste d’actualité. Le FCFA, monnaie partagée par plusieurs pays africains depuis la période coloniale, est au cœur de nombreuses revendications.
Au-delà de la simple question économique, il s’agit également d’une interrogation sur l’identité et l’autonomie des États africains vis-à-vis de l’héritage colonial. Le FCFA n’est pas seulement un outil financier, mais un symbole d’une influence persistante de la France sur ses anciennes colonies, et ce, malgré les nombreux appels à la réforme.
Le FCFA, qu’il soit dans l’UEMOA ou la CEMAC, continue de lier les économies africaines à celle de la France. Cette situation a suscité de nombreuses critiques, notamment en raison de la dépendance qu’elle crée vis-à-vis des politiques monétaires européennes. Les pays de la CEMAC, tout comme ceux de l’UEMOA, sont contraints de maintenir une relation monétaire étroite avec la France, via la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cela pose des questions fondamentales sur la capacité réelle de ces États à définir et à mettre en œuvre leurs propres politiques économiques.
Au-delà de la symbolique, le FCFA représente également un enjeu économique majeur. Les économies des pays de la CEMAC se retrouvent en grande partie sous-financées, notamment en raison des mécanismes de gestion du FCFA qui privilégient la stabilité de la monnaie au détriment du financement des projets de développement internes. La fluctuation des prix du pétrole, essentiel pour ces économies, a exacerbé ces déséquilibres, mettant en lumière les limites d’un système monétaire verrouillé par des accords post-coloniaux.
Les critiques du FCFA sont aussi politiques. Loin de représenter une solution de croissance, cette monnaie est souvent perçue comme un instrument néocolonial qui empêche les pays africains de réellement s’émanciper économiquement. Il est devenu un symbole de l’héritage de la domination française, et les mouvements citoyens, ONG et chercheurs ne cessent de dénoncer son impact sur les processus de développement local. Le rôle de la société civile dans ce débat est crucial : conférences, manifestations, et publications cherchent à sensibiliser la population aux enjeux de cette monnaie et à proposer des alternatives.
Face à ces revendications de souveraineté monétaire, la BEAC a répondu en proposant un ambitieux plan stratégique pour la période 2023-2027. D’un montant de 1700 milliards de FCFA, ce plan vise à stimuler le développement économique tout en répondant aux inquiétudes exprimées par les chefs d’État de la CEMAC concernant la convertibilité et la gestion des réserves de change. Cependant, cette réponse ne semble pas totalement répondre aux attentes des populations, qui réclament une réforme en profondeur du système monétaire régional.
Enfin, il est nécessaire de repenser le rôle du FCFA dans le développement de la CEMAC. Pour beaucoup, il est devenu un obstacle à l’émergence économique des pays africains. En rejetant ce modèle néocolonial, ces États pourraient enfin prendre en main leur propre destin économique, sans la tutelle d’une puissance étrangère. Le chemin vers une souveraineté monétaire pleine et entière passe par un changement radical du système, un changement qui ne pourra se faire qu’avec la participation active de toutes les parties prenantes : gouvernements, société civile, et institutions financières.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bara Mbodj.
Mis en ligne : 23/03/2025
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