Un séisme politique. C’est ainsi que beaucoup ont qualifié la victoire éclatante de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle de 2024 au Sénégal. En s’imposant dès le premier tour avec plus de 54 % des voix, le candidat de la coalition Diomaye Président est devenu le premier opposant de l’histoire du pays à accéder au pouvoir de manière aussi nette.
À 44 ans, cet ancien syndicaliste, fervent défenseur de la souveraineté nationale et pourfendeur du système en place, a promis une rupture totale avec l’ancienne gouvernance.
Dès le lendemain de son élection, le leader du Pastef affichait une détermination sans faille : « Rien ne sera comme avant », martelait-il devant les Sénégalais. Un an plus tard, alors que son gouvernement souffle sa première bougie, le temps du bilan a sonné.
Parmi les priorités affichées, la lutte contre la corruption occupe une place centrale. Le rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques a renforcé la volonté du pouvoir de s’attaquer aux détournements et aux malversations. De nombreuses enquêtes ont été ouvertes, visant d’anciens responsables politiques et administratifs. Mais cette offensive anticorruption divise : là où certains y voient une nécessité pour assainir l’État, l’opposition dénonce une « chasse aux sorcières » dirigée contre les figures du régime précédent.
La réforme de la justice est également un dossier clé. Le président Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ambitionnent d’instaurer une justice indépendante et accessible à tous. Un projet qui reste cependant semé d’embûches, tant les résistances internes sont fortes.
Sur le plan économique, le gouvernement prône une politique d’endogénéisation, visant à renforcer le secteur privé national et à réduire la dépendance aux investissements étrangers. Une orientation qui séduit une partie des entrepreneurs sénégalais mais suscite aussi des inquiétudes, notamment chez les investisseurs internationaux. L’objectif de « souveraineté économique » avancé par le président implique une révision des contrats miniers et pétroliers, un dossier explosif qui pourrait redessiner le paysage financier du pays.
Mais dans le quotidien des Sénégalais, la situation reste difficile. La vie chère continue d’inquiéter, et les promesses de réduction du coût des denrées alimentaires tardent à se concrétiser. Si le gouvernement affirme travailler sur des mesures structurelles, l’opposition estime que l’exécutif peine à trouver des solutions efficaces face à la flambée des prix.
Un an après son arrivée au pouvoir, le tandem Diomaye-Sonko suscite des avis contrastés. Les partisans du pouvoir saluent un vent de renouveau et estiment que les réformes engagées prendront du temps avant de porter leurs fruits. Ils mettent en avant des avancées sur la transparence et la gouvernance, tout en soulignant le défi immense de reconstruire un État affaibli.
L’opposition, elle, fustige un manque de clarté dans la gestion du pays. Selon elle, le nouveau pouvoir tâtonne et peine à imprimer une vision cohérente. Certains citoyens, désillusionnés, expriment même un début de regret, estimant que les promesses de campagne peinent à se traduire en actes concrets.
Alors que le Sénégal entre dans une nouvelle année sous cette administration, une question demeure : le changement promis par Bassirou Diomaye Faye parviendra-t-il à transformer durablement le pays ? Seul l’avenir le dira.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 24/03/2025
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