Le youtubeur pakistanais a baptisé son parfum « 295 », en référence à l’article de loi punissant le blasphème de peines allant jusqu’à la mort.
Rajab Butt, youtubeur pakistanais coutumier des coups d’éclat, est accusé de « blasphème » après le lancement de son parfum « 295 ». Un chiffre loin d’être choisi au hasard, puisqu’il renvoie à l’article de loi qui sanctionne le blasphème de peines pouvant aller jusqu’à la mort.
Le procès-verbal consulté par l’AFP indique que ce trentenaire, suivi par plus de six millions d’abonnés sur YouTube, risque jusqu’à dix ans de prison. Il devra également répondre de « cybercrimes ».
Il avait choisi ce chiffre en référence à une loi en vertu de laquelle il avait déjà été inculpé en 2024 pour « insulte » à la prière musulmane, un délit passible de dix ans de prison. Libéré sous caution, Rajab Ali de son vrai nom reste poursuivi dans cette affaire.
La nouvelle polémique s’est accélérée ce lundi 24 mars, malgré la suppression de la vidéo la semaine dernière. À Lahore, dans l’est du pays, des dizaines de militants islamistes du Tehreek-e-Labbaik (TLP), un parti d’extrême droite, ont défilé en lançant un avertissement : « Si la police ne le poursuit pas, nous irons chez lui ». Dans la foulée, Haider Ali Chah Gillani, l’un des leaders du TLP, a déposé une plainte.
« Il y a plein d’articles dans le code pénal, pourquoi a-t-il choisi celui portant sur le blasphème pour son parfum ? », interroge-t-il auprès de l’AFP. « Cela signifie qu’il assume son attaque et qu’il la célèbre. Il veut normaliser ce genre d’acte », a-t-il encore reproché, dans un pays où de simples accusations de blasphème, même non prouvées, peuvent mener à des lynchages publics.
Dimanche, Rajab Butt a tenté d’apaiser la controverse en présentant ses excuses dans une nouvelle vidéo, Coran en main. « Je m’excuse pour les mots que j’ai prononcés lors du lancement du parfum et j’annonce qu’il ne sera plus produit », a-t-il déclaré.
Dans une précédente vidéo, il avait comparé les poursuites contre lui à celles engagées en Inde contre le rappeur Sidhu Moose Wala. L’Inde a en effet hérité de la même loi coloniale britannique sur le blasphème. Celui qu’il qualifiait de son « mentor » avait été abattu en 2022 dans sa voiture, après avoir été accusé de glorifier les armes.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 25/03/2025
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